TOUT EST DIT

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mercredi 20 juillet 2011

Zone euro : vers un consensus à l'arraché

Une forme panachée de mise à contribution des banques au plan d'aide à la Grèce sera sur la table des chefs d'État européens jeudi.

À 48 heures du sommet européen exceptionnel qui sera consacré jeudi à «la stabilité financière dans la zone euro» et au «programme d'aide à la Grèce», la tension restait extrêmement forte mardi dans les chancelleries, les salles de marchés et les quartiers généraux des institutions financières. D'autant qu'Angela Merkel a encore une fois entretenu le doute mardi: «Il n'y aura pas de grande avancée spectaculaire d'un coup, pas demain, pas jeudi »,a-t-elle mis en garde. Une façon de dire que l'Europe ne s'engagera pas dans un grand saut fédéraliste demain, mais qu'elle se cantonnera au traitement du cas grec. Nicolas Sarkozy et la chancelière, qui s'est entretenue mardi matin avec Barack Obama, se rencontreront ce mercredi après-midi pour préparer cette réunion. Ils dîneront ensuite et le président français quittera Berlin, jeudi matin, pour se rendre à Bruxelles.
 Pour le seul sauvetage de la Grèce en tout cas, vu des investisseurs et des banquiers, le report d'une décision n'est pas envisageable, pas plus que la conclusion d'un accord a minima qui attiserait le feu sur les marchés. Le FMI a exhorté mardi la zone à produire «un plan d'action cohérent». Mais, du côté des politiques cependant, la recherche du consensus reste ardue. À preuve, selon nos informations, une discrète réunion des ministres des Finances de la zone euro a failli se tenir mardi avant d'être annulée.
Depuis dimanche, les termes de la discussion qui aura lieu jeudi sont fixés. Les négociations menées à un rythme inédit entre financiers privés et autorités publiques en Europe ont débouché sur un document intitulé «proposition pour une initiative de long terme». Ce texte formule une réponse technique à l'exigence politique de Berlin: faire participer le secteur privé à l'effort européen en faveur de la Grèce, dans le cadre du second plan de sauvetage qui doit lui allouer 90 milliards d'euros supplémentaires sur la période 2011-2014. Concrètement, il propose que tous les créanciers privés d'Athènes puissent choisir entre trois options: échanger leurs créances contre de nouvelles obligations à 5 ans, participer au «plan français» initial qui prévoit de nouveaux crédits à Athènes à 30 ans, ou vendre leurs créances sur la Grèce à 60% de leur valeur faciale lors d'une opération de rachat que financerait le Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Cette solution panachée signifie que l'Europe prendra le risque d'un «défaut sélectif» de la Grèce. En tablant sur le fait que son consensus politique permettra de fléchir la position de la BCE et convaincra les marchés que le défaut de la Grèce sera cantonné dans le temps.

Une taxe bancaire

Plusieurs capitales, dont Paris, mettent aussi sur la table une proposition de taxe bancaire, assise sur les revenus de chaque banque européenne (produit net bancaire). Une idée «étrange», ironisait mardi François Pérol, le patron du groupe BPCE et président de la Fédération bancaire française (FBF). La Fédération allemande des banques s'y est opposée elle aussi: si taxe il y a, elle devra «s'appliquer à tous les concitoyens», argumente-t-elle. De fait, il n'est pas impossible qu'outre-Rhin, une taxe bancaire dédiée au renflouement grec pose un problème constitutionnel.
Selon François Pérol, la solution des problèmes grec, irlandais et portugais est à la portée de l'Europe: les trois pays pèsent moins de 10% du PIB de l'Union, première économie mondiale! Ce qui manque, c'est la cohésion politique. Jeudi, les dirigeants de la zone euro devront «parler d'une seule voix, une seule fois, pour dire clairement quelle est leur stratégie», plaidait mardi le banquier français.
Un de ses confrères, en privé, ne décolère pas: «On est en train de saccager la monnaie européenne, alors que nous avions l'opportunité d'en faire une grande devise, face au dollar dont l'hégémonie commençait justement à être battue en brèche! Entre la baisse des actions européennes et la hausse des taux d'emprunts, cette crise a déjà eu un coût astronomique. Dans le meilleur des cas, celui où les États trouvent bien un accord jeudi, il nous faudra dix ans, vingt ans peut-être pour reconstruire la crédibilité de l'Europe».
Derrière la Grèce, c'est la situation des «grands» pays d'Europe du Sud qui inquiète: le bond enregistré par les taux italiens et espagnols - Madrid a emprunté mardi 3,8 milliards d'euros à un an au taux de 3,76%, un point de plus qu'il y a un mois - devient insupportable. Et la fermeture du marché obligataire pour leurs banques ne peut pas durer. Nul n'est à l'abri: l'écart de taux entre la France et l'Allemagne a atteint mardi son niveau le plus élevé depuis 1995.


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