TOUT EST DIT

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mercredi 20 juillet 2011

Quel rôle la France peut-elle jouer dans la crise de l’euro?

Dans la crise de la dette de l’euro, les critiques ne cessent de pointer du doigt le manque apparent de leadership politique. Ces critiques visent en premier lieu le moteur d’intégration européen franco-allemand. Mais ce moteur est en panne. L’une des raisons, c’est que la France est incapable de jouer son rôle de garant de la stabilité. Le pays a ses propres problèmes; sa situation économique actuelle est pire qu’avant la prise de fonction de Nicolas Sarkozy en 2007. Il se dit même q’un plan d’aide pourrait être accordé prochainement aux banques françaises, qui sont très engagées dans les pays en crise comme la Grèce, le Portugal et l’Italie. C’est pourquoi la marge de manoeuvre de la France dans cette crise semble limitée.

La France dans la crise de la dette : une position qui présente des faiblesses
La France va-t-elle être la prochaine cible des marchés obligataires, les marchés oú les Etats et les entreprises viennent se financer ou se refinancer ? La question mérite d‘être posée. En effet si l’Italie est en difficulté sur les marchés de la dette en raison de maigres perspectives de croissance et d’une dette cumulée colossale, la France n’est pas en reste.
Le gouvernement Fillon prévoit une croissance de 2,2% en 2011 mais l’OCDE, l’organisation pour la coopération et le développement économique table sur 2%. 1,8% même pour la prévision de l’exécutif européen. Enfin la dette de l’Etat français devrait encore augmenter en 2012.
Le gouvernement Fillon qui s’est engagé à réduire le déficit budgétaire de 7,1% fin 2010 à 5,7% dès la fin de l’année doit faire face à un déficit
structurel bien plus élevé que les Pays-Bas ou l’Allemagne et doit donc procéder à des réformes dont la majorité n’a pas été engagée selon certains analystes.
Le marché du travail est en premier lieu concerné. Le taux de chômage est toujours relativement élevé en France et ce taux agit directement sur la consommation qui elle-même agit sur la croissance économique; déterminante pour les recettes de l’Etat français via la fiscalité des sociétés.

L’inquiétude des investisseurs vient aussi de l’exposition importante des banques françaises à la dette grecque mais aussi à la dette espagnole, publique et privée. Ceci dit, l’exposition française au système bancaire des pays de la zone euro en difficultés financières n’atteint pas loin s’en faut celle des banques allemandes. Tout est relatif donc et un défaut de l’italie ou de l’Espagne causerait le naufrage de la zone euro. Si on ajoute le manque de crédibilité des stress tests qu’ont passés les banques européennes, la nouvelle réglementation bancaire et la participation probable des banques au sauvetage des pays en détresse : une période difficile semble s’annoncer pour les établissements financiers français.
Selon les chiffres de Bruxelles, en France l’action des pouvoirs publics pour sortir de la crise est restée limitée. Sur les anéées 2008-2009-2010, l’argent public supplémentaire injecté dans l‘économie représente un peu plus de 5 points du PIB : c’est logiquement beaucoup moins que ce qui a été dépensé dans les pays les plus affectés comme l’Irlande et l’Espagne : 12 points de PIB ou encore le Royaume Uni : 9 points. Mais c’est aussi moins que la moyenne de la zone euro qui affiche 6 points de PIB.
“L’Europe ne survivra pas sans un budget fédéral plus consistant”, Jacques Attali, président de PlaNet Finance

Laura Davidescu, Euronews : Les Fédéralistes, comme vous, disent que l’euro ne peut pas survivre sans une intégration économique et politique accrue de l’Union. Le président Sarkozy l’entend-il, selon vous, de cette oreille?

Jacques Attali, président de PlaNet Finance : Si nous ne faisons pas un pas de plus vers le fédéralisme, l’Euro disparaîtra. La question n’est pas d‘être ou de ne pas être Fédéraliste, c’est un fait. L’Europe ne survivra pas sans un budget fédéral un peu plus consistant.

Euronews : Cette position est-elle entendue aujourd’hui par le gouvernement français?

Jacques Attali : La France a toujours été à l’avant-garde de la construction européenne. Aujourd’hui, vous entendez en France des points de vue extrêmement contraires. L’opposition socialiste est favorable à l’émission d’eurobonds et d’un pas beaucoup plus fort vers l’Union Européenne. Dans la majorité, vous avez des gens qui sont hostiles à la poursuite même de l’Euro. Et puis, vous avez une sorte d’alliance réaliste entre une partie du gouvernement et le système bancaire français qui sont extrêmement liés les uns aux autres. Ils échangent des informations, des idées, des projets. Ils mettent ouvertement sur la table des projets qu’ils ont réalisés en commun ce qui est quand même une première dans l’histoire de la diplomatie internationale. Et l’on voit que ces propositions visent à la fois à résoudre la quadrature du cercle, c’est à dire à la fois à protéger les banques, tout en permettant à la Grèce de survivre. Mais ces propositions vont manquer à un moment de vision à long terme.

Euronews : Justement, à quel niveau faut-il trouver cette vision à long terme? Il fut un temps où la France était le pilote politique de l’Europe et l’Allemagne son moteur économique. Aujourd’hui, le tandem franco-allemand est très déséquilibré en faveur de l’Allemagne?

Jacques Attali : La France reste de loin la première puissance militaire d’Europe et la première puissance économique dans un grand nombre de secteurs. L’Allemagne a énormément de chômage et beaucoup de difficultés. La France demeure aussi la première puissance démographique…

Euronews : Mais vous contredisez l’opinion dominante qui dit que l’Allemagne est la puissance économique dominante en Europe?

Jacques Attali : Je vous répète que l’Allemagne est l’homme malade de l’Europe de demain car la faiblesse d’une nation se mesure essentiellement à sa démographie et à sa capacité à penser une stratégie longue. Or, l’Allemagne n’a pas de stratégie longue. Les Français regardent cela avec une certaine prudence. Ils ne veulent pas, et c’est fondamental du point de vue Français, antagoniser les Allemands. Il s’agit à la fois d’avancer vers plus de fédéralisme européen, sans mettre les Allemands en situation d’opposition. Il faut plutôt essayer de faire comprendre à nos amis Allemands, que c’est dans leur intérêt d’aller vers plus de fédéralisme européen.
Si la crise explosait, si la Grèce, par malheur, devait sortir de l’euro; si l’Espagne ou l’Italie avaient à faire de même, l’euro monterait très haut. Il est déjà beaucoup trop fort. L’Allemagne, qui a fondé son modèle de développement entièrement sur les exportations et pas du tout sur le marché intérieur, serait en situation tragique.

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