TOUT EST DIT

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mercredi 20 juillet 2011

Si l’Italie chute, l’euro et l’Europe aussi

La crainte d’une contagion de la crise liée à la dette italienne inquiète les responsables européens. L’avenir de l’Europe est en jeu.
La faiblesse politique de l’Italie combinée à celle de l’Europe risque de provoquer un cataclysme d’envergure historique. La nouvelle dépréciation qui s’est abattue hier sur nos emprunts d’Etat et sur notre Bourse ne reflète pas tant un avis négatif sur la réforme économique à peine adoptée qu’un pari sur l’association néfaste de ces deux crises. Si les marchés financiers déchaînent leur toute-puissance inquiétante sur l’Italie, c’est parce qu’il apparaît qu’un affaiblissement trop important de notre pays peut mener l’euro à sa perte. Certes, le programme d’austérité aurait pu être mieux pensé, moins fondé sur l’augmentation des taxes et on aurait pu ne pas le renvoyer aux gouvernements futurs. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit pour le moment. Si même le vote précipité du Parlement, le 15 juillet, n’a pas eu l’effet escompté, c’est parce qu’on se sert de l’Italie pour miser sur la crise générale de l’euro.

Ce chaos a été déclenché par l’impression que le gouvernement italien n’était pas en mesure de réagir efficacement aux événements et que l’instabilité politique pouvait durer même après son éventuelle chute. Dans un premier temps, la vente de titres italiens ne pouvait pas être qualifiée de spéculative : c’était une réaction normale d’investisseurs normaux à la perte de confiance envers l’Italie. Mais, à partir du moment où les taux d’intérêt sur nos emprunts ont commencé à grimper, la spéculation a pris le pas. La crise de l’euro y est pour quelque chose : en raison de la fragilité affichée de l’union monétaire, il est rare que les taux retrouvent leur niveau initial après une augmentation. Et si la différence de taux d’intérêt avec l’Allemagne devait se poursuivre pendant plusieurs années, la dette publique italienne ne parviendrait jamais à diminuer. De même, le fait que l’Italie puisse être touchée a modifié tous les scénarios de la crise de l’euro. La Grèce, l’Irlande et le Portugal ne représentent à eux trois que 6 % du produit intérieur brut de la zone euro, mais, avec l’Italie et l’Espagne, on atteint un tiers du PIB.

C’est bel et bien l’avenir de l’Europe qui se joue actuellement. L’Italie n’est pas encore sortie de l’impasse, elle a besoin de solutions solides et de calme. Pour cela, il faut du temps, que seule une solution à la crise européenne pourra lui apporter. La zone euro doit trouver des instruments qui lui permettent de garantir que la situation des pays faibles pourra être améliorée. Au-delà des solutions techniques – et notamment du renforcement du Fonds européen de stabilité financière, entravé depuis des mois par ­l’Allemagne alors qu’il est lui-même dirigé par un Allemand –, il est nécessaire de faire preuve de solidarité. Les interdépendances dans la zone euro ne sont plus à prouver. Si les citoyens européens se sentent affectés par la politique des autres pays, la volonté de couper tout lien deviendra inévitable. Ces dernières années, on a préféré confier l’avenir de l’Europe aux gouvernements plutôt qu’à des organisations communes (telles que la BCE, seule institution fédérale) : le résultat est désolant, mais seuls les gouvernements peuvent désormais y remédier. Espérons qu’ils le fassent, et vite.

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