TOUT EST DIT

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vendredi 20 mai 2011

« Un nouveau chapitre » au Moyen-Orient


Il y a quatre mois, un vendeur ambulant d'une petite ville tunisienne déclenchait, par son sacrifice, le printemps arabe. Dans quatre mois, une majorité des États composant les Nations Unies pourraient donner leur reconnaissance à un État palestinien autoproclamé. Entre ces deux événements, porteurs de grands espoirs et en même temps lourds de nombreuses menaces, un discours politique planétaire manquait. C'est, fort de la capture récente de Ben Laden, que Barack Obama a comblé ce vide hier soir.

Moins inspiré que dans son fameux discours du Caire de juin 2009, mais plus contraint également par la complexité effective des situations et certaines contradictions américaines (à Barheïn notamment), Obama a davantage proposé un cadre et des principes directeurs pour accompagner et soutenir le printemps arabe, qu'une véritable doctrine.

Le cadre, c'est celui d'une Histoire en marche. Le constat est banal, mais c'est aussi un signal pour les régimes qui se crispent violemment contre leur propre jeunesse. « Rien ne pourra empêcher le changement », a déclaré le président américain. Le statu quo n'est plus possible. Pour personne. Ni à Damas ni au Yémen. Ni pour les Israéliens ni pour les Palestiniens.

L'accélération des événements, depuis la révolution tunisienne de janvier, est telle qu'elle vient de bouleverser les équilibres sur lesquels reposaient, depuis parfois des décennies, les stratégies politiques des principaux acteurs régionaux. Ces équilibres ne reviendront pas. La répression ne fonctionnera plus. Avertissement clair à la Syrie et au Yémen en particulier.

Ce constat vaut naturellement pour la Tunisie et l'Égypte. L'Amérique, et avec elle l'ensemble du G8, qui lui emboîtera le pas la semaine prochaine à Deauville, promettent des aides économiques pour ces deux pays. Obama a fait une comparaison criante. Sans le pétrole, les exportations de cette région de 400 millions d'habitants (Afrique du Nord et Proche Orient) sont équivalentes à celles de la seule Suisse.

Certains annonçaient un plan Marshall pour le monde arabe. La formule est séduisante, mais pas pertinente. Une Amérique très endettée, et une Europe sur la même pente, ne sont actuellement pas en mesure d'investir aussi massivement. Obama l'a laissé entendre hier, en insistant sur l'autodétermination des peuples et l'essor du commerce au détriment de l'assistance.

Depuis quatre mois, le conflit israélo-palestinien a pu paraître relégué au second plan, tant l'élan des jeunes Arabes a dominé la scène internationale. Mais la centralité de ce dossier revient chaque jour davantage. Le statu quo, là aussi, n'est plus possible. C'était, hier, le passage le plus attendu, et le plus délicat, du discours de Washington. À la veille d'une longue campagne électorale américaine, Obama a recherché un difficile point d'équilibre. En réaffirmant son soutien aux aspirations palestiniennes et aux frontières de 1967, mais en ménageant Israël, à la veille de sa rencontre avec Benjamin Netanyahou.

Si Bush prétendait, armes au poing, exporter la démocratie, Obama entend accompagner son éclosion. Soutenir les jeunes, les femmes, la rue, les démocrates et leur quête d'autodétermination. C'est une Amérique, certes, moins arrogante. De moins en moins puissante, aussi.



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