TOUT EST DIT

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vendredi 20 mai 2011

Avec Merkel, le populisme ne prend pas de vacances

Les Grecs, les Portugais et les Espagnols ont trop de vacances, assure la chancelière allemande. Mais en disant cela, déplore une éditorialiste portugaise, elle diffuse des fausses informations basées sur des clichés culturels et affaiblit les bases mêmes du projet européen. 

Nous allons payer au prix fort cette dérive populiste et xénophobe qui s’empare de l’Union européenne. Ce sont plus de cinquante ans de paix et de développement que nous sommes en train de détruire. Et les nations riches de l’Europe en portent une bonne part de responsabilité.
Les propos d’Angela Merkel sur le Portugal, l’Espagne et la Grèce ne peuvent pas même s’expliquer par l’inconséquence typique des campagnes électorales. La chancelière allemande vient de jeter de l’huile sur un feu qui crache déjà des flammes fort dangereuses.
Le message envoyé mardi 17 mai par Angela Merkel est terrible : dans des pays comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce, a-t-elle déclaré, il n’est pas possible que les gens aient plus de congés, travaillent moins et partent à la retraite plus tôt que les Allemands.

Les Allemands recordmen d'Europe des congés

Quand bien même ces propos étaient fondés, elle n’aurait pas dû les tenir. Parce que ce n’est pas sur cela que repose le succès de la monnaie unique, et parce que de tels mots ne font qu’alimenter la mauvaise volonté de plus en plus marquée que mettent certains pays pour aider ceux qui, dans la zone euro, connaissent des difficultés financières.
Il suffit d’examiner les statistiques pour voir que rien de ce qu’a dit Angela Merkel ne correspond à la réalité. Ce sont les Allemands qui détiennent le record européen du nombre de congés. Les Grecs sont ceux qui travaillent le plus. Et si les Hollandais sont bien ceux qui partent le plus tard à la retraite, les Portugais les talonnent de près, en quatrième position. Déclarer qu’une union monétaire impose à tous d’avoir le même nombre de jours de congés, le même nombre d’heures de travail et le même âge de départ à la retraite, c’est contribuer à l’ignorance, qui n’est autre que la meilleure alliée des populismes et de la xénophobie. De telles harmonisations sont les conséquences, et non les conditions de la réussite de l’euro.
Ce qui fragilise la monnaie européenne, ce sont des mesures comme la suspension des accords de Schengen, qui garantit la liberté de circulation des personnes dans la zone euro, et l’absence d’instruments communs, budget, fonds ou mécanisme, qui permettent de faire face aux chocs asymétriques que nous vivons aujourd’hui.

Suspendre Schengen est bien plus néfaste que les pays endettés

Suspendre Schengen parce que des immigrés arrivent d’Afrique du Nord est bien plus néfaste pour la monnaie unique que les dettes du Portugal, de la Grèce, de l’Espagne et de l’Irlande réunies, et contribue à différer plus encore cette harmonisation du marché du travail qui préoccupe tant Merkel. L’absence d’accord pour soutenir de façon crédible les pays de la zone euro qui connaissent des difficultés financières (ou, comme disent les économistes, "touchés par un choc asymétrique") fragilise davantage l’euro que ces questions dont les populistes font leurs choux gras.
Si l’on s’en tient aux faits bruts, la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne sont les victimes d’un choc asymétrique au sein d’une union monétaire. Les raisons qui ont conduit ces pays, et pas d’autres, dans cette situation, sont diverses et variées, et tous les pays membres de la zone euro portent la responsabilité de ce qu’il s’est passé. D’ailleurs, si c’était par exemple les Pays-Bas qui étaient confrontés à un choc asymétrique, c’est sous cet angle que ce débat serait abordé, avec cette rationalité et sans le populisme de Merkel.
Nous ne voulons pas croire qu’il existe dans la zone euro des pays qui souhaitent récupérer la vieille thèse de ce ministre néerlandais qui, à la fin des années 1990, refusait que les Etats du sud de l’Europe ("le club Med", comme il disait) entrent dans l’euro. Nous ne voulons pas croire que les plans d’aide n’existent que pour expulser à terme leurs bénéficiaires de la zone euro. Angela Merkel doit faire honneur à la mémoire de Konrad Adenauer et à l'héritage d’Helmut Kohl.
Nourrir la bête populiste qui grossit dans l’Europe de l’euro, c’est ouvrir la boîte de Pandore, réveiller les spectres les plus menaçants du passé européen. Les Allemands le savent : le projet européen mérite mieux que des accès de populisme. Angela Merkel elle-même le sait : une élection vaut moins que l’avenir de l’euro.

Vu d'Allemagne

Ne mélangez pas tout, Mme Merkel

Ne mélangez pas tout, Mme Merkel
Les déclarations d'Angela Merkel sur la durée des vacances ou l’âge de la retraite des Européens du Sud sont loin de réjouir la presse allemande, qui s'emploie à contredire, chiffres à l'appui, ses affirmations. Parmi eux, Die Welt titre "La bouillie de l’Europe" et explique pourquoi la chancelière a envoyé un mauvais signal. "Les paroles de la chancelière montrent dans quelle direction se dirige le train européen : le mot-clé, c’est ’harmonisation’".
Ainsi, écrit le quotidien conservateur, "les Irlandais sont priés de porter leurs impôts sur les sociétés à notre niveau. S'il est certes juste que les pays endettés doivent tout faire pour redevenir solides, ce serait une erreur de prescrire à tous le même médicament.Peut-être que la Grèce trouvera d'autres solutions que nous pour réduire les prestations sociales. La retraite à 67 ans ne constitue qu'une possibilité parmi d'autres. […] Chez nous, le vieillissement de la population est déjà beaucoup plus avancé qu'en Europe de Sud. D'où le fait que ici, les plus âgés sont indispensables sur le marché du travail, mais pas en Grèce. Et pour l'Irlande, c'est peut-être le système fiscal attrayant qui constitue le plus grand avantage compétitif et donc la plus grande chance de retrouver la croissance."


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