vendredi 15 avril 2011
Préoccupation majeure
Les écrans de fumée politiques sur les sujets périphériques se sont dissipés. Après les retraites, le pouvoir d'achat s'impose, une nouvelle fois, comme le chantier casse-tête du gouvernement dans l'immédiat, comme l'enjeu majeur de la présidentielle pour les mois à venir. Qui pourrait s'en étonner ? Au-delà des nuages changeants de l'actualité, le sujet s'impose de sondage en sondage, avec l'emploi, comme la préoccupation majeure des Français. Comme une réalité souvent insupportable aux rayons des grands magasins, aux guichets d'EDF-GDF, aux stations d'essence.
Autant dire que le choc de l'inflation sur les produits de première nécessité ¯ et son impact accentué sur les populations les plus fragiles ¯ ne pouvait que fournir le carburant nécessaire aux syndicats pour embrayer sur l'action et espérer se requinquer après l'échec de la mobilisation contre la réforme des retraites. Ils ont d'ailleurs beau jeu, aujourd'hui, de rappeler ses promesses au Président autoproclamé « du pouvoir d'achat », dans un contexte où les grandes entreprises du CAC 40 affichent des profits et des dividendes généreux. Sans oublier les rémunérations déconcertantes et parfois choquantes de certains dirigeants.
Nicolas Sarkozy tente de calmer les ardeurs revendicatives qui ont tendance à se multiplier sur un front de grèves inhabituellement élargi, où la grande distribution côtoie l'automobile, le textile les services informatiques. Les mesures ciblées annoncées ¯ prime de 1 000 € dans les entreprises bien portantes, gel du prix du gaz etc. ¯ esquissent des bouts de solutions limitées, discriminantes. Elles ne constituent pas à proprement parler une politique du pouvoir d'achat. Et pour cause : le gouvernement n'en a plus les moyens. Pour des raisons qui tiennent aux contraintes extérieures de la mondialisation, certes. Mais aussi à ses choix.
Renouer avec un encadrement strict des prix ? Totalement irréaliste dans un marché libéralisé et global où les États non producteurs de pétrole et de gaz, comme la France, n'ont aucune prise sur les tarifs. Rompre avec la nécessaire politique d'assainissement des finances publiques ? Les marchés qui ont déjà la France à l'oeil pour ses nombreux dérapages dépensiers, la puniraient sévèrement, comme la Grèce ou le Portugal, avec des taux d'intérêt asphyxiants. Asphyxiants d'abord pour l'économie, faut-il le souligner.
Augmenter le smic, le seul levier étatique qui reste à disposition pour « contraindre » le cas échéant le secteur privé ? À la sortie d'une crise économique qui a rincé bien des PME, nombre d'entreprises n'y résisteraient sans doute pas.
En fait, la vraie clé du pouvoir d'achat, nul ne doit en douter, c'est encore et toujours la croissance derrière laquelle les gouvernements courent en vain depuis de nombreuses années. C'est elle qu'il faut cajoler et stimuler plus qu'on ne le fait, elle qui apportera le nécessaire, et, si possible, les bonus à partager en prime.
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