vendredi 15 avril 2011
Le pari de Sarkozy
Le centre aspire, tel un cyclone, les candidats à la présidentielle. Nicolas Hulot, trait d’union entre la droite et les écolos, vient de se lancer dans le tourbillon ; Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin se découvrent des vertus centristes que nous ne connaissions pas. Le premier a été numéro 2 du gouvernement jusqu’au 14 novembre dernier, date de son départ placé sous le sceau du dépit, pour cause de non nomination à Matignon. Le second a inventé le bouclier fiscal (que Sarkozy a blindé par la suite) ainsi que le Contrat première embauche, qui a fait descendre la jeunesse dans la rue. Le voici qui propose un revenu citoyen de 850 € à ceux qui sont sans ressource. De l’organisation de la précarité au nom du libéralisme, à l’assistanat au nom du gaullisme social, le parcours est sinueux.
Dominique de Villepin n’est pas le seul à courir au centre. Les ténors du PS font pareil. Et même Marine Le Pen conforme son discours aux tonalités qui peuvent être captées par les oreilles d’une majorité de Français, ce qui n’était pas le cas de son père. La présidente du FN n’est pas devenue centriste. Mais elle fait tout pour faire oublier que son parti est d’extrême droite. Elle aussi subit la force centripète dont Valéry Giscard d’Estaing avait énoncé le théorème politique : « La présidentielle se gagne au centre. »
Est-ce bien vrai ? Le seul président centriste de la V e République est, justement, Giscard. Il a été élu en 1974, dans des circonstances exceptionnelles, après la mort de Georges Pompidou… Et il a été battu sept années plus tard. D’Alain Poher à François Bayrou, en passant par Raymond Barre et Édouard Balladur, seul le premier nommé a réussi à accéder à un second tour. C’était en… 1969, il y a 42 ans.
À la lumière de ces statistiques, la posture de Nicolas Sarkozy apparaît sous un éclairage nouveau. Il fait le pari que 2012, comme 2007, ne se jouera pas au centre, mais… au peuple, qui veut, selon lui, un discours sans nuance. En conséquence de quoi c’est le seul, à droite, à s’éloigner résolument du ventre mou de la politique. Trois hics : s’il est un personnage que les Français veulent au-dessus des partis, c’est le chef de l’État ; même recentrée, Marine Le Pen a une longueur d’avance dans l’exploitation de thèmes comme l’immigration, la sécurité, l’islam ; enfin, la majorité s’effrite. Une élection ne se gagne pas au centre, mais elle peut se perdre sans les centristes…
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