TOUT EST DIT

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vendredi 15 avril 2011

L’accélération

«Moi, je la sens bien cette présidentielle». La formule, un peu bravache, est de Nicolas Sarkozy, la semaine dernière devant les députés UMP. Le président a raison: elle s’annonce décidément passionnante cette élection. En l’espace de deux semaines, ses acteurs ont fait preuve d’une audace qui a chamboulé le scénario. Rien ne se passe comme prévu, et à ce rythme, la France, qu’on dit déprimée, pourrait peut-être soigner le désenchantement démocratique qu’elle a étalé au moment des cantonales. Nous sommes bel et bien arrivés à un tournant de notre république, bien au- delà des péripéties des rendez-vous électoraux.

L’effondrement inédit du chef de l’État dans les sondages à moins d’un an de l’échéance, la percée de Marine Le Pen qui change totalement la donne à droite, l’éclatement de l’UMP, l’émancipation de l’ancien numéro deux du gouvernement, Jean-Louis Borloo, les inconnues de l’absent DSK et les mystères de la galaxie socialiste, la prise de conscience écologiste avivée par Fukushima, et l’irruption d’un électron libre, Nicolas Hulot dans la sphère tourmentée des Verts: le paysage politique se transforme sous nos yeux en accéléré.

Nous sommes désormais bien au-delà des spéculations autour des primaires et des interrogations autour des candidatures. La prestation de Dominique de Villepin, hier, a mis en évidence la remise en question générale d’un système à bout de souffle qui ne pourra plus se contenter de replâtrage ou d’aménagement. Après l’annonce de l’avènement d’une nouvelle société écologique par Nicolas Hulot, le mercredi, nous avons donc assisté, le jeudi, à la révolution personnelle d’un ancien Premier ministre de la V ème république. Et de ces secousses idéologiques, la plus inattendue a sans doute été la seconde.

Les propositions extrêmement fortes de Dominique de Villepin ont eu d’autant plus de force qu’elles émanent d’un homme qui a incarné le pouvoir chiraquien et les valeurs sociales du gaullisme. On savait le personnage imprévisible dans ses comportements, on le découvre bluffant dans sa vision. On pourra dire que tout cela n’est qu’imagination sur papier glacé et autre tempête sous un crâne. Il n’empêche: il y a eu de la force, du souffle, des idées nouvelles qui ont, comme disait Borloo l’autre soir, «renouvelé l’offre».

La vraie question, c’est évidemment celle du possible. Comme s’ils voulaient dépasser le doute de l’opinion sur la crédibilité de la politique, les candidats mettent la barre très haut. Voudraient-ils se prouver à eux-mêmes qu’ils sont encore capables d’avoir prise sur le destin d’une grande nation qui doute face aux défis de la mondialisation qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Ils savent être séduisants mais ils devront réussir à être convaincants. Le plus dur reste à faire...



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