Après l’Irlande (85 milliards d’euros dont 35 pour les banques), le Portugal avec 80 milliards ! Les optimistes prétendront sous des «ouf» de soulagement que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) destiné à ressouder les maillons faibles de la zone euro fonctionne. Au prix, il est vrai, d’une «suraustérité» pour les pays concernés au détriment de leur croissance, donc de l’emploi, avec une taille sévère dans tous les budgets sociaux. En quelque sorte, le prix à payer pour garantir l’euro des plus riches…
Ces perspectives peu réjouissantes pour les Portugais et les Irlandais montrent déjà les failles du système. Il relève du bricolage, la grande spécialité d’une Europe navigant à vue sans perspectives à long terme, et pas seulement dans le domaine monétaire. En effet, qui peut affirmer que le Portugal anémié pourra tenir ses engagements dans les trois ou cinq ans pour les prêts cautionnés par le FESF (dont la France à hauteur de 21 %) ? Dans une conjoncture internationale des plus incertaines avec l’alourdissement des factures énergétiques, de surcroît soumise aux soubresauts géopolitiques ?
Même à coups de milliards, ce fameux FESF n’est qu’un emplâtre, un analgésique local qui calme momentanément les vrais maux dont souffre la monnaie unique, et pas seulement via le Portugal ou l’Irlande : l’absence d’un vrai gouvernement économique, du moins dans l’Euroland, avec une politique monétaire plus dirigiste et plus solidaire. L’Allemagne, première de la classe, n’en veut pas.
Un autre immédiat fait frémir : le mauvais exemple grec. Sauvée in extremis l’an dernier sous un mécanisme différent du Fonds de stabilité financière, la Grèce piétine dans une sombre impasse. La restructuration de sa dette est à l’ordre du jour. Or, dans ce rééchelonnement, les pauvres banques et non moins pauvres (!) fonds d’investissement privés laisseront forcément des plumes ! Un cauchemar pour l’euro et ses États qui perdraient une bonne part de leur crédibilité auprès des agences de notation… Peut-être même certains pays devraient-ils de nouveau renflouer leurs banques trop engagées dans la dette grecque.
Sans changement de cap, la zone euro risque l’éclatement. Tout son fonctionnement, arrêté le siècle dernier à une époque de beau temps, est à revoir. Par exemple, la hausse du taux directeur de la Banque centrale européenne est-elle vraiment opportune ? Elle a été décidée en fonction du règlement de la BCE, obligée de faire face à une inflation de 2,6 % largement importée. Mais cette hausse des taux va inévitablement peser sur une croissance déjà atone, surtout dans les pays fragilisés. De la même façon que pèse le nouveau «pacte de stabilité» autour des consolidations budgétaires, pacte pourtant non contraignant que la France suit aveuglément pour rester dans le sillage de l’Allemagne : selon l’INSEE, il amputerait la croissance française de 0,6 %.
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