samedi 26 mars 2011
Impasse
L’Europe, réunie en sommet depuis hier à Bruxelles, est dans la tourmente, et les bourrasques les plus violentes ne viennent ni de la crise nucléaire au Japon, ni de Libye. Certes, ces deux dossiers ne mettent pas d’huile dans les rouages déjà grinçants des 27, spécialement dans ceux, grippés, du couple franco-allemand. Fukushima a provoqué chez Nicolas Sarkozy et Angela Merkel des réactions opposées, le premier en profitant pour tenter de vendre l’EPR, réacteur nucléaire de troisième génération (un « bébé » franco-allemand à sa naissance, abandonné depuis par Siemens), la chancelière fermant au contraire des centrales, et annonçant que « plus vite on sortira du nucléaire, mieux ce sera ». La Libye aussi divise Paris et Berlin, qui refuse de s’engager militairement.
Mais bon, de telles crises sont surmontables. D’ailleurs, l’Otan va renvoyer Nicolas Sarkozy dans son coin, en prenant la tête de l’intervention en Libye. La fierté française en prendra un nouveau coup, c’est tout. On a l’habitude.
Beaucoup plus inquiétante est la troisième crise qui est aussi la plus profonde : celle de l’euro. Après la Grèce et l’Irlande – et avant, sans doute, l’Espagne – le Portugal est au bord du gouffre. Le quatrième plan d’austérité présenté en un an par son gouvernement a été rejeté avant-hier, ce qui a provoqué la démission du Premier ministre socialiste José Socrates. Sans doute le Portugal devra-t-il faire appel au Fonds de soutien européen, ce qui ne réglera… rien du tout. Voici un an que les Européens garantissent des prêts aux pays les plus fragiles. Ils ne font, en cela, que reculer les échéances : ils se comportent comme des banquiers qui mettent sous perfusion – à taux usuraires d’ailleurs – des personnes déjà surendettées. Cet argent ne sera jamais remboursé, ni par Athènes, ni par Dublin, ni par Lisbonne. Les Grecs ont déjà vu leurs délais rallongés. Les Irlandais veulent renégocier les conditions des aides obtenues. Les Portugais refusent d’ajouter l’austérité à l’austérité. Bref, c’est l’impasse. Et là, il n’y aura pas d’intervention de l’Otan : tout dépend des Européens, et tout particulièrement de la bonne volonté allemande à mettre, ou non, la main au portefeuille. Or, Angela Merkel est ligotée par son opinion publique et des élections périlleuses, ce dimanche, en Rhénanie-Palatinat et au Bade-Wurtemberg. La crise de l’euro ne sera pas soldée aujourd’hui. Mais le sera-t-elle un jour ?
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