mardi 29 mars 2011
L'urgence du rassemblement
À droite, à gauche et au centre, on n'a pas tardé à méditer les leçons des cantonales. Il faut dire que les enseignements sont suffisamment alarmants pour les uns, nets pour tout le monde, pour ne pas perdre de temps.
Pour l'UMP, le message est clair : le désaveu des électeurs et les dissensions internes risquent de faire trébucher Nicolas Sarkozy au premier tour de 2012. Dès hier matin, le président-candidat, qui veut y aller, et seul, a donc intimé l'ordre à ses compétiteurs de droite de lui épargner une concurrence jugée suicidaire.
Ainsi, Jean-Louis Borloo, que des velléités d'émancipation démangent, est déjà désigné comme responsable d'un échec du parti présidentiel s'il persistait dans son projet de fédération des centres. La mise en garde vaut aussi pour Dominique de Villepin et Hervé Morin, chaque point valant de l'or face à un Front national dédiabolisé et excité par l'idée de faire subir à Nicolas Sarkozy l'humiliation infligée en 2002 à Lionel Jospin.
La candidature unique serait jouable si la droite modérée et radicale se reconnaissait dans la politique suivie. Mais les centristes n'ont toujours pas digéré d'être réduits à la portion congrue dans le dernier gouvernement. Ils réclament, sans être toujours entendus, plus d'attention sociale et de justice fiscale. Ils ne comprennent pas les surenchères identitaires et sécuritaires.
Divisions au sommet
En quoi sont-elles prioritaires quand le prix de l'énergie augmente, que les bénéfices des multinationales sont inéquitablement distribués et que le salaire n'assure plus la fin de mois ? Ce genre de question divise jusqu'au sommet : Nicolas Sarkozy, contredisant François Baroin, le porte-parole du gouvernement, persiste curieusement dans une droitisation qui a déjà échoué. Celle-ci ouvre alors un vaste espace aux sensibilités sociales, laïques et humanistes. On va vite mesurer leur courage et leur capacité à s'exprimer et à s'unir.
Dire que la droite a déjà perdu et la gauche déjà gagné serait pour autant très imprudent. Martine Aubry sort renforcée des régionales et des cantonales. Les résultats d'hier renforcent même l'hypothèse, pour la première fois, d'une majorité de gauche au Sénat en septembre. Mardi, elle montrera qu'elle a un projet pour 2012.
Mais autant que les programmes, ce sont les hommes (ou les femmes) qui feront l'élection. Porté par des sondages quelque peu irréels, Dominique Strauss-Kahn, qui devrait annoncer sa décision juste après le G20 de Deauville, demeure le favori. Mais il risque, à chaque déclaration, d'éroder son capital de confiance. Jamais, à treize mois d'une présidentielle, le chouchou des sondages n'a été élu.
D'ailleurs, une cinquantaine de députés pressent Martine Aubry, qui ne fera rien contre lui, de se déclarer. Entre les deux, François Hollande, qui construit méthodiquement une sorte de synthèse entre le fond et la forme, espère créer la surprise. Chacun ayant sa chance contre Nicolas Sarkozy, la primaire, d'ici à octobre, promet d'être sportive.
Même si ses espoirs sont plus fondés que jamais, la gauche aussi doit prendre en compte le risque de l'élimination au premier tour. La cristallisation de l'antisarkozysme ne s'accompagne pas d'une dynamique en sa faveur. Pour elle aussi, il faudra sonner le tocsin du rassemblement.
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