TOUT EST DIT

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mardi 29 mars 2011

Parfum de défaite et goût de trahison

Les hommes sont ce qu’ils sont. L’amer parfum de la défaite stimule chez eux le goût de l’abandon. Nicolas Sarkozy connaît trop bien cette musique acide et il ne s’étonnera donc pas des soudaines velléités émancipatrices d’une partie de ses troupes : elles craignent de couler avec le capitaine en 2012. En politique, la fidélité s’arrête là où commence l’instinct de survie. On approche, semble-t-il, de ce moment critique.

En dépit des mauvais sondages qui le créditent d’une infamante troisième position au premier tour de la présidentielle, le président de la République est pourtant loin d’avoir perdu toutes ses chances. En ces temps tourmentés où l’actualité va à toute vitesse, «l’opinion», par nature volatile, est sujette à des retournements tout aussi rapides. Douze mois et trois semaines - soit le temps qui nous sépare désormais de l’échéance - c’est très court et c’est très long à la fois. Une durée largement suffisante pour redresser une image en perdition ou pour naufrager une réputation. Nicolas Sarkozy a désormais... l’avantage de ne plus avoir rien à perdre. Tout le monde, ou presque, le donne battu ? Le voilà revenu outsider ! Or c’est toujours le dos au mur qu’il est le meilleur. Par ailleurs, il a devant lui une séquence favorable - rôle international valorisant et éclaircie économique - quand ses adversaires ont sans doute mangé leur pain blanc.

Oui, le chef de l’État peut s’en sortir, mais à deux conditions... qui ne sont réunies ni l’une, ni l’autre. Sa propre lucidité et l’appui indéfectible de son camp. Si son analyse de la défaite des cantonales n’est pas erronée - il n’y a pas eu de vague socialiste- elle s’est refusée à prendre en compte l’ampleur de la défaite de l’UMP. Un signe inquiétant auquel s’en ajoute un autre : le réveil des sensibilités qui avaient été étouffées par le béton idéologique utilisé pour cimenter le parti présidentiel. Nicolas Sarkozy avait oublié que le soutien des centristes était factice. Il ne reposait en effet que sur la veulerie de dirigeants qui se sont couchés devant le maître de l’Élysée... mais qui, au fond d’eux-mêmes, n’en pensaient pas moins. Un exemple parmi d’autres : le Jean-Louis Borloo, version candidat à Matignon, n’avait rien dit pour s’opposer à un discours de Grenoble qui, pourtant, piétinait toutes ses valeurs et celles de sa famille politique.

Personne, dans la majorité, n’a osé arrêter les dérives du président. On préférait l’applaudir. Les grands courageux ont attendu qu’il soit en position de faiblesse pour prendre leurs vertueuses distances. François Baroin a raison de préconiser l’arrêt des débats annoncés sur la laïcité et l’islam lestés de sous-entendus stigmatisants. Mais pourquoi n’a- t-il pas fait entendre sa voix - grave - plus tôt ? Enroué peut-être ? Dans l’hiver démocratique, ça arrive.

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