La délinquance en France est trois à cinq fois plus élevée que ne l’admet le ministère de l’Intérieur. Ce n’est pas un journal d’opposition qui fait le calcul, mais le très officiel Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, après une vaste enquête, au cours de laquelle plus de 16 500 personnes ont été interrogées, en liaison avec l’Insee. Pas moins de 4,7 millions de Français ont été victimes de vols, l’année dernière (7,5 % de la population !), et 1,2 million ont subi des violences physiques ou sexuelles. On est loin des chiffres brandis en début d’année (1,5 million de vols et 200 000 à 250 000 faits de violence) par Brice Hortefeux, qui se vantait à cette occasion d’une « baisse » de la délinquance ! Certes, tout le monde ne porte pas plainte, ce qui témoigne d’ailleurs d’un fatalisme trop souvent justifié. Mais ici, la distorsion dépasse tout ce que l’on imaginait. La validité des chiffres qui servent d’indicateurs au gouvernement est remise en cause dans sa globalité. Le même débat est ouvert depuis des années concernant les chiffres du chômage…
Plus d’un Français sur cinq se sent aujourd’hui en insécurité : la hausse est incessante depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant fait de ce thème l’un de ses grands chevaux de bataille, avec l’augmentation du pouvoir d’achat. Deux combats perdus jours après jour…
La défaite est d’abord celle de l’État républicain, de plus en plus directement visé dans ce qu’il représente : les policiers, les gendarmes les médecins, le personnel hospitalier, les arbitres de football, les pompiers, les inspecteurs du travail subissent une hausse régulière d’insultes, d’agressions, de blessures. Dernier incident en date : un policier a été volontairement percuté et grièvement blessé, vendredi, par un motard.
Avant son élection, Nicolas Sarkozy avait multiplié les défis aux voyous, sur la dalle d’Argenteuil contre la « racaille », à La Courneuve en brandissant le « Karcher ». Ces rodomontades n’ont eu aucun effet dissuasif, bien au contraire. Elles ne pouvaient d’ailleurs pas être mises en œuvre, puisque l’une des premières mesures de l’actuel chef de l’État a consisté à édicter le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, ce qui entraîne une baisse continue des effectifs de police. Malheureusement, il ne suffit pas d’injurier les délinquants pour leur faire peur.
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