TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 29 septembre 2010

L'insécurité sociale de la Sécu




C'est un record désormais rituel. Et le nombre de milliards n'a même plus vraiment de sens. Au fil des années, il est devenu une abstraction de plus. Mais le vertige déclenché par les profondeurs du déficit finirait presque par faire oublier les périls de l'abîme. Étrange phénomène national : la plongée de la Sécurité sociale ne provoque guère de passions. Comme si les Français ne s'inquiétaient pas vraiment de l'avenir d'un système si familier qu'ils le croient indestructible. Les gouvernements successifs ne leur répètent-ils pas que c'est « le meilleur du monde » ?


Notre bonne vieille Sécu a pourtant du plomb dans l'aile. Craquant de partout, la branche santé tente de s'alléger comme elle peut des coûts qu'elle accumule. Quant à la branche famille, elle ploie sous le poids exponentiel des aides au logement. Comment sauver le mécanisme en sauvegardant les dépenses les plus utiles - comme le souhaite Roselyne Bachelot - quand elles le sont toutes, et qu'il est quasiment impossible d'établir une échelle des priorités ?


Les indispensables « efforts » porteront davantage sur la consommation de santé - elle explose depuis près de quarante ans - que sur les hospitalisations de longue durée, en augmentation spectaculaire avec l'allongement de la durée de la vie et les nouveaux traitements. C'est un choix compréhensible, même s'il semble préfigurer le recours de plus en plus important aux mutuelles pour la prise en charge des affections ordinaires.


Mais la baisse des remboursements des médicaments les plus courants (de 35 à 30 % notamment pour certains grands classiques) n'aura pas pour seule conséquence de freiner les abus de l'automédication. Elle touchera aussi les familles les plus modestes, celles qui désormais y regardent à deux fois avant de consulter... La publication des statistiques sur la pauvreté - qui concerne 13 % de la population française - met en évidence la résignation de certains foyers à limiter les examens médicaux, faute de pouvoir avancer suffisamment d'argent : les témoignages entendus ici et là confirment cruellement cette nouvelle réalité.


A 18 mois de la présidentielle, le gouvernement n'a donc pas le beau rôle pour trouver des économies. D'autant moins qu'il n'a aucun moyen de différer ce tour de vis annoncé. Monumentale, l'ardoise est à la dimension du budget de la Sécu, lui-même plus élevé que celui de l'État ! Et le retour à l'équilibre programmé pour 2018 apparaît plus comme un vœu pieux que comme une échéance crédible.


La croissance et les rentrées qu'elle représente conditionne, au moins autant que les sacrifices obligatoires des Français, le « redressement historique » de ce monument social qu'est la Sécu. Combien de temps pourra-t-elle préserver l'égalité formelle des Français devant la maladie et la santé ?

0 commentaires: