Le grand problème du spectacle politique, c'est l'ennui. Tout y est tellement prévisible avec ses répliques téléphonées, ses indignations programmées, ses tirades épuisées. De congrès de droite en congrès de gauche et de dimanche en dimanche, on pourrait s'amuser à écrire les textes à l'avance sans prendre le risque d'être démenti par les propos tenus. Mêmes images, même film, mêmes brochettes de tontons flingueurs (et tatas flingueuses) sur les prie-Dieu du premier rang. On baille.
Le discours de clôture de Martine Aubry à La Rochelle n'a pas échappé à la torpeur de ce registre ordinaire, finalement très consensuel, qui peine, décidément, à renouveler le genre. Attaques contre Nicolas Sarkozy avec l'aide du dictionnaire de rimes, cocoricos unitaires parfaitement incantatoires, promesses que la gauche fera - évidemment - mieux que la droite, espoir qui change de camp, forcément, etc. : la première secrétaire du Parti socialiste a puisé dans les classiques pour atteindre son objectif. Et elle y est parvenue : pour les JT, c'était parfait ! Du travail de professionnelle.
Ce lundi de rentrée est pour elle plus beau que samedi. Entre-temps, elle est apparue comme une vraie candidate pour les socialistes. Comme elle a du métier, elle a su faire comprendre à ses camarades concurrents (ou concurrents camarades) qu'elle n'était pas arrivée à la tête du parti simplement par défaut.
L'ancienne ministre du Travail n'a pas une âme d'intérimaire. Et « La dame des 35 heures », longtemps snobée par les siens, n'est pas du genre à choisir le temps libre plutôt que l'ambition. Elle a pris toute sa place. La voilà même qui se lâche en tribune - qui n'a pas toujours été son point fort - pour bien montrer qu'elle est bel et bien compétitive pour 2012. Moins à l'aise dans ce genre d'exercice, DSK, le Fmiste américain, aura compris qu'il a du souci à se faire. Est-ce le stress devant l'avènement d'une coriace rivale ? Ses amis ne sont même pas restés pour écouter la patronne. L'union ne va pas encore jusqu'à l'élégance.
Il y a bien eu des propositions. Beaucoup de propositions. Plus ou moins abouties, ce n'était pas le problème. Martine Aubry sait que le PS ne pourra pas se contenter de faire de l'opposition primaire. Dans une société que tout encourage dans son individualisme - y compris les politiques - la crédibilité fera la différence. Alors, proposons, camarades ! Si on en croit le sondage (Viavoice/Libération) publié la semaine dernière, qui montrait que 55 % des Français considéreraient que la gauche « ne ferait pas mieux que la droite », ce n'est pas gagné. Il ne sera pas si facile de prendre des parts de marché au Sarko Show avec des numéros déjà vus.
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