Les problèmes de sécurité et d'immigration auront, tout l'été, questionné l'opinion. Le président de la République et des ministres ont été critiqués, souvent à juste titre, pour les mots employés pour manifester leur détermination en ces domaines. En effet, à forcer le trait, on risque de réveiller les sentiments xénophobes qui sommeillent dans notre pays, et aussi de provoquer colère et explosion dans les populations qui se sentent visées. En ce qui concerne les Roms, on sait que les solutions passent par l'Union européenne, et que la France a obligation, ainsi que la Roumanie, de se conformer aux directives de l'Europe.
Cependant, les déclarations et les décisions ne sont pas toujours adéquates, mais de là à accuser le gouvernement de racisme, lui reprocher d'utiliser des méthodes de la gestapo, il y a un pas qui ne peut être franchi. Certaines manières de critiquer sont, elles aussi, outrancières et déplacées.
Ces crispations, ces polémiques sont révélatrices du mauvais état dans lequel se trouve la société française, si du moins on en croit le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye qui, dans son rapport 2009, révèle une fois encore les détresses de la société : « La synthèse de son rapport, écrit dans Esprit Pierre Gastineau, montre aujourd'hui une société des plus fracturées, où la méfiance règne en maître, d'où une incompréhension grandissante et une agressivité de plus en plus courante... L'administration, par ses lenteurs, ses incompréhensions, y contribue, ainsi que la complexité toujours croissante de la loi et son inintelligibilité. » (1)
Mais de plus, la crise financière, le chômage qui frappe principalement les jeunes et les populations les plus fragilisées, l'immigration si difficile à gérer, ne font qu'augmenter une sourde inquiétude. C'est un triste constat qui ne devrait laisser personne indifférent. Or, « le chacun pour soi remplace l'envie de vivre ensemble... On devient de plus en plus consommateur de République plutôt que citoyen », écrivait encore Jean-Paul Delevoye qui, prévoyant la crise sécuritaire actuelle, ajoutait : « Le thème dominant est devenu l'insécurité, se protéger de l'autre dans une société fragmentée inquiète et sans espérance collective. Politiquement, cela peut mal tourner. C'est pourquoi je pense que le vivre ensemble va s'imposer comme le thème central de la présidentielle 2012. »
Tout cela devrait contribuer à mobiliser toutes les énergies, c'est-à-dire chaque citoyen, là où il se trouve, pour ouvrir le dialogue là où il n'existe pas et l'approfondir là où il existe. Il en va de même pour toutes les organisations sociales et bien évidemment pour toutes les forces politiques, y compris bien sûr pour les oppositions. En effet, si celles-ci réalisent leurs aspirations, elles auront à gouverner demain et se trouveront, à leur tour, au pied du mur, c'est-à-dire face aux problèmes si difficiles à résoudre.
(1) Revue Esprit, juin 2010.
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