Comment être plus durable qu'un vent favorable ?
S'ils veulent devenir une vraie force politique au-delà de succès électoraux éphémères, les écologistes n'échapperont pas au test de l'anémomètre. Ce n'est pas seulement une question de direction, ni de souffle, mais de constance. Cette vraie faiblesse, qui se confond avec leur histoire, les Verts n'ont, jusqu'à présent, jamais pu ou voulu la corriger. Ils ont l'occasion de le faire. Vont-ils la saisir, et surtout, comment ?
L'affichage d'une inhabituelle sérénité collective depuis le début de leurs journées d'été de Nantes est le signe d'une météo provisoirement apaisée mais il n'est pas suffisant pour garantir des lendemains conquérants. L'essentiel n'est pas réglé. Loin de là. Fondre toutes les sensibilités écologistes dans un seul mouvement n'allait pas de soi et l'opération semble plutôt bien engagée après avoir été longtemps contestée. Mais sur quelles bases et pour en faire quoi ?
La mise sur orbite de l'ex-juge Eva Joly pour la candidature à la présidentielle montre à quel point la galaxie écologiste subit l'attraction de la logique de la Ve république. L'intéressée parle elle-même de « primaires » de l'écologie, une version des très classiques primaires des ego, qui consacreraient la banalisation de la démarche écolo et ouvrirait la porte aux rivalités groupusculaires. Sur la base de sondages sans grande signification, les militants s'emballent déjà pour l'ex-juge au profil si original mais qui n'a jamais exercé de mandat autre que celui de députée européenne depuis 2008. Une légèreté récurrente ?
A Nantes, on râpe consciencieusement les aspérités à coup de langue de bois zénifiante. Mais sur l'essentiel, on reste encore dans le mou. Les réserves de Daniel Cohn-Bendit ne sont pas seulement de l'ordre de l'humeur. En priant ses amis de commencer par mettre au clair leur alliance avec le PS pour les futures législatives, Dany les invite à se concentrer sur leur identité plus encore que sur leur stratégie. A définir leur positionnement par rapport au capitalisme, qui est toujours aussi flottant. A rester fidèles à une conception parlementaire du pouvoir en privilégiant l'importance d'un groupe à l'Assemblée, plutôt que le soleil aveuglant de 2012, pour faire avancer les causes de l'écologie. A choisir les responsabilités de l'âge adulte plutôt que les illusions d'une éternelle adolescence.
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