TOUT EST DIT

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samedi 21 août 2010

Prix du porc. Une filière qui craint le naufrage

Si les producteurs de lait ne vont pas bien, les producteurs de porc ne sont pas en très grande forme non plus. La flambée du prix de l'aliment du bétail est en train de remettre en question un fragile équilibre. La profession craint le naufrage.

Pourquoi le cochon va mal?
La principale raison, c'est que depuis cet été, le prix des céréales flambe. Or, c'est l'aliment principal des cochons. Il pèse 60% dans le coût de revient. Les Bretons, qui ont fait le choix du hors-sol, en produisent peu à la ferme. Ils sont donc très dépendants du marché extérieur. En quelques semaines, le prix de l'aliment acheté par les éleveurs a renchéri de 10% et ce n'est pas fini, semble-t-il. La solution pour les producteurs serait de pouvoir répercuter cette hausse dans leur prix de vente. Mais ce n'est pas le cas. Le prix de base auquel ils sont payés est régi par la loi de l'offre et de la demande, sans discussion possible. Jeudi dernier, le cours du porc au marché au cadran de Plérin (22) s'est établi à 1,24euro. «Il devrait être à 1,30euro pour compenser la hausse du prix de l'aliment», calcule Jean Pierre Joly, directeur du marché du porc breton.

Des producteurs déjà mal en point.
Cette flambée des céréales intervient alors qu'une grande partie des producteurs est loin d'avoir pansé les plaies de la crise précédente. Selon Inaporc, l'interprofession porcine, un producteur breton sur deux est dans le rouge. «Si on n'arrive pas à répercuter cette hausse, c'est le naufrage assuré de la profession», prévient son président Guillaume Roué. La Bretagne compte 3.500 producteurs.

La concurrence allemande.
Dans le porc, comme dans le lait, la France est en train de se faire tailler des croupières par l'Allemagne. Ce pays qui mise à fond sur son industrie devient un concurrent plus que redoutable. Idéalement placé au coeur des grands bassins de consommation, ce pays est passé à l'offensive, développant à tout va son industrie porcine. «En huit ans, elle a augmenté sa production de 15millions de porcs, c'est l'équivalent de la production bretonne», indique Jean-Pierre Joly. Les professionnels bretons considèrent que leurs homologues allemands bénéficient d'un excellent environnement politique et social: main-d'oeuvre bon marché, fiscalité plus favorable... «Bruxelles nous dit qu'elle n'y peut rien, mais si ça continue, les Allemands vont finir par nous tuer», s'alarme un éleveur breton.

Appel à la grande distribution.
Répercuter la hausse est devenu un leitmotiv. «Il faut impérativement jouer la solidarité interprofessionnelle», répète Guillaume Roué. Un discours relayé par le Syndicat national du commerce du porc. «On demande à la filière et particulièrement aux salaisonniers de privilégier l'origine nationale. Nos concurrents savent le faire très bien», insiste Paul Rouche, président de la SNCP. L'appel s'adresse aussi, évidemment, à la grande distribution. «Il suffirait de donner 10 centimes supplémentaires aux producteurs. C'est dérisoire quand on voit le prix des grillades proposées cet été dans les rayons. Il n'y a aucune raison que le consommateur paie plus cher», affirme Jean-Pierre Joly.

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