TOUT EST DIT

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mercredi 11 août 2010

Le sport est un miroir

Le sport est souvent un miroir pour un pays. La Bérézina de l'équipe de France de football a illustré les dégâts de l'illusion de se bercer trop longtemps des succès passés en se masquant les dures réalités du présent. Image d'une France qui ne sait pas marier l'énergie de la jeunesse à la sagesse de l'expérience : les jeunes et les seniors sont ceux qui paient le plus lourd tribut à la crise économique.

Après le Mondial, le sport nous a heureusement montré d'autres images. Avant les nageurs, qui ont offert un doublé hier à la France, aux championnats d'Europe, les cyclistes étaient partis avec panache à l'assaut des victoires d'étapes dans le Tour de France. Notre cyclisme était au fond du trou les années précédentes. Il a touché les dividendes d'un long travail de fond... Puis les « Bleuets », discrètement, ont remporté le championnat d'Europe de football des moins de 19 ans.

Enfin, l'équipe de France d'athlétisme avait connu, elle aussi, de retentissants échecs. Cette fédération a osé mettre les problèmes sur la table, repenser son fonctionnement et placer à la direction technique nationale Ghani Yalouz, un ancien... lutteur, d'abord choisi pour sa capacité à insuffler un véritable esprit d'équipe.

Dernier exemple, à confirmer certes, celui du PSG. Décidé à en finir avec des supporters qui ternissent depuis des années l'image du club, le président, Robin Leproux, a décidé qu'il fallait doter le PSG d'un nouveau public, quitte à passer par une cure d'austérité.

Du coup, il n'y a plus d'abonnement pour les tristement célèbres « kop » de Boulogne et d'Auteuil. Le club parie sur l'exemplarité des comportements « normaux ». Cela ne veut pas dire que l'on oublie les sanctions contre les éventuels délinquants, mais on ne compte plus seulement sur elles : les années précédentes ont montré leur insuffisance. Clin d'oeil des dieux du stade, le PSG a gagné largement devant un public moins nombreux que d'habitude, mais plus sage...

De quoi méditer pour le pays lui-même. Sans doute, une action résolue contre les caïds est-elle nécessaire, mais rien ne sera gagné si nous ne retissons pas les liens de solidarité, et si nous ne mettons pas fin à la ghettoïsation des populations en situation de fragilité. Rien ne sera gagné si nous ne renouons pas le dialogue entre les générations, si nous n'encourageons pas le travail... Il y a plus à faire que de la réhabilitation de quartier. Sans doute faut-il mettre en oeuvre une véritable mixité sociale.

Le drame de l'immigration n'est pas d'avoir importé des populations non intégrables ou potentiellement délinquantes ou asociales, mais de n'avoir pas su les placer dans un cadre apte à les insérer. Cela passe par une politique de l'habitat et de l'emploi beaucoup plus imaginative, mais aussi par une responsabilisation des Français : l'individualisme forcené et l'indifférence qui prévalent dans nos villes sont des obstacles à l'intégration.

Pour que de nouveaux venus et leurs enfants puissent partager les « valeurs de la France », il faut leur donner l'occasion d'en expérimenter les bienfaits. Jamais la peur du gendarme n'aura autant d'efficacité que le désir d'imiter les comportements « gagnants » de l'environnement social. Le mimétisme est, comme l'a montré René Girard, un des ressorts les plus puissants de l'être humain. Il est temps d'offrir de « bons exemples », y compris dans les médias de masse. Rien n'est plus efficace.

(*) Éditeur et écrivain.

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