Ce n’est encore qu’un bruit de fond dans les cours de récréation. Un clapotis. Mais il suffirait que la rumeur, qui ces derniers jours a filé à l’allure de l’Internet, se propage encore un peu pour que la clameur protestataire franchisse les grilles d’une majorité de collèges et lycées. En cause ? Un projet du gouvernement qui ambitionnerait de supprimer « un mois de vacances scolaires ». En réalité, il n’en est rien. Mais… Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le ministre de l’éducation nationale a bel et bien inscrit le sujet à l’ordre du jour de la conférence nationale sur les rythmes scolaires qui doit avoir lieu en juin, inspiré en cela par une récente étude de l’Institut Montaigne, préconisant la suppression de (seulement) 15 jours de congé.
La question n’est pas nouvelle, comme nombre de débats qui agitent régulièrement le monde éducatif. Depuis des décennies, chronobiologistes et sociologues s’accordent à dire que la longue césure estivale n’est ni scolairement favorable – la remise en route en septembre est pour certains élèves particulièrement laborieuse – ni socialement juste – faute de moyens les enfants de milieux défavorisés sont souvent livrés à eux-mêmes. Le paysage scolaire français se distingue ainsi par une année scolaire trop courte – la plus courte d’Europe même –, une semaine trop ramassée, surtout lorsqu’elle s’organise sur quatre jours, et enfin des journées trop longues : la question des rythmes n’est certes pas neuve mais vaut à l’évidence d’être posée.
Faut-il néanmoins s’emparer du dossier dans la minute ? Est-ce l’urgence du moment ? À feuilleter le rapport que vient de publier la Cour des comptes, on se dit, un peu abasourdi, qu’il conviendrait assurément de s’attaquer d’abord à la déréliction qui ronge certains établissements, ou en toute priorité à la maîtrise de la lecture qui ne progresse pas, ou encore très vite au service et à l’affectation des enseignants, ou s’atteler, sans tarder, à l’échec universitaire. Constat vertigineux, qui appelle, si l’on tient pour fiable le diagnostic de la Cour des comptes, une refonte globale de l’école à la française. Le bateau prend l’eau ; on ne peut plus se contenter de colmater les brèches.
Florence Couret
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