TOUT EST DIT

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lundi 19 avril 2010

VHS, Super 8, DVD : un patrimoine en danger

Des millions de contenus stockés sur supports analogiques se meurent. Alors que le marché grand public de la numérisation marque le pas et que les supports numériques se révèlent moins fiables que prévu, les solutions durables et bon marché manquent.

Photos, diapositives, films Super 8, MiniDV... Les vieux contenus finissent la plupart du temps au fond d'une armoire ou dans une boîte à chaussures. La numérisation permet à ces souvenirs de profiter d'une seconde vie. Mais contre toute attente, les supports numériques actuels (CD et DVD enregistrables, disque dur, clé USB,...) destinés au grand public ne semblent pas disposer d'une espérance de vie aussi grande que celle offertes par les supports argentiques ou analogiques. Du coup, la bonne vieille pellicule 35mm pourrait représenter une planche de salut inattendue... Explications.
Le stock de contenus à numériser est immense

Cassettes VHS, Betamax ou MiniDV, films super 8 ou 8mm, mais aussi photos papier et diapositives représentent une partie du patrimoine familial. Un bric-à-brac de souvenirs où il est parfois difficile de se retrouver. La numérisation par des spécialistes comme Forever ou Family Movie constitue une solution. Pourtant, c'est au compte-goutte que ces supports analogiques, dont la plupart ont bien traversé les époques, sont aujourd'hui confiés à des professionnels.

Selon le cabinet d'études GfK, 200 millions de bobines 8mm et Super 8 auraient été développées en Europe par les grands laboratoires entre la fin de la deuxième guerre mondiale et le début des années 80. Or, selon Jean-Michel Nomdedeu, directeur du marketing et co-fondateur de Forever, spécialiste de la gestion du patrimoine vidéo, "depuis le lancement de notre service, il y a quatre ans et demi, 550.000 films seulement ont été numérisés en France pour le compte de 150.000 clients. Nous sommes donc très loin d'avoir épuisé les quantités produites par les laboratoires". L'entreprise, qui revendique la première place sur les marchés français et belge grâce aux accords conclus avec plusieurs enseignes (dont la Fnac, Cora, France Loisirs ou Carrefour), en était à 500.000 films numérisés fin 2008. Forever estime n'avoir aucun concurrent sur son secteur à l'exception de quelques photographes de quartier.

S'agissant des anciens supports audio (disques vinyle, K7), peu ou pas d'acteurs sur ce marché : "Quelques prestataires ont essayé de proposer ce service, mais ils sortent du cadre de la copie privée. Il faut alors rémunérer ayants droit, distributeurs et producteurs. Et cela devient trop coûteux", estime le co-fondateur de Forever. Restent les matériels vendus aux particuliers spécialement pour numériser (platines vyniles, cartes d'acquisition vidéo...).
Conservation : ce qui pose problème

Sur ce point, les experts sont formels. Les supports argentiques stockés dans de bonnes conditions (dans une boîte, à l'abri de la lumière, de la chaleur ou de l'humidité) disposent d'une durée de vie pouvant dépasser plusieurs dizaines d'années.

Pour Thierry Prigent, président et fondateur de PreserveOn, prestataire régulier des Laboratoires Eclair et spécialiste du traitement numérique sur les images de cinéma, "un film fixé sur support polyester - matériau plastique le plus résistant aux dégradations -, enfermé dans sa boîte et stocké dans un endroit frais dispose d'une espérance de vie extrêmement longue. A contrario, sur une bande magnétique, le signal s'amenuise et perd de son efficacité dans le temps". S'agissant des K7 vidéo grand public, Jean-Michel Nomdedeu pointe un autre problème lié à la durée de vie des têtes de lecture VHS : "Un magnétoscope est prévu pour 10 à 15.000 heures d'utilisation. Au-delà, les têtes se détériorent."
Numérique : pas mieux pour les supports enregistrables

L'arrivée du numérique, contre toute attente, n'a pas apporté d'amélioration dans ce domaine. "C'est un peu la désillusion avec les DVD, mais on le savait depuis le départ", admet le co-fondateur de Forever. "Un CD ou un DVD vendu vierge, c'est une galette de polycarbonate munie de couches de colorants. Lors de son enregistrement, le graveur envoie des injections de laser qui font des trous sur ce support. Avec le temps, avec la chaleur, ces trous se rebouchent, et ce d'autant plus rapidement que la densité des informations enregistrées est importante", explique Thierry Prigent.

Les CD et DVD enregistrables accessibles au grand public sont donc des supports fragiles, sensibles aux UV et à la chaleur. Ils ont une durée de vie très limitée s'ils ne sont pas protégés. Le contenu d'un DVD enregistrable d'entrée de gamme laissé par négligence sur la plage arrière d'une voiture risque ainsi de disparaître au bout de quelques mois. Les nouveaux dispositifs de stockage temporaires comme les clés USB ne semblent pas plus efficaces : "Dans ce cas, c'est l'interface de connexion qui peut constituer le maillon faible", note Thierry Prigent.

Les supports pressés par l'industrie musicale ou vidéo échappent à ce processus de dégradation : "Ils sont mieux conçus, et disposent d'une durée de vie plus importante", estime Jean-Michel Nomdedeu. Le le co-fondateur de Forever assure utiliser des DVD de très bonne qualité pour garantir ses niveaux de prestation. "Pour éviter d'avoir de mauvaises surprises, nous conseillons également à nos clients de faire eux-mêmes des copies", ajoute-t-il. Outre la copie des contenus conservés au format compressé sur les serveurs du site, un fac-similé des originaux est archivé sur bande LTO, support magnétique professionnel disposant d'une durée de vie d'une trentaine d'années.
La bonne vieille pellicule au secours de l'archivage des films ?

Paradoxalement, pour les industriels, le salut pourrait venir de la bonne vieille pellicule cinéma. Ses capacités physiques en font en effet un support d'archivage idéal et fiable d'un point de vue légal, surtout pour des contenus en grandes quantités. Le support polyester peut conserver quasi indéfiniment des informations sous forme analogique, électronique ou informatique : "La technologie dont on dispose permet d'écrire sur un film des données au format numérique 50 fois plus vite que les machines concurrentes", assure Thierry Prigent.

Une pellicule 35mm standard peut réunir, outre le film, ses fichiers connexes : story-board, script, images de plateaux, affiches, produits de merchandising,...

D'où l'idée de Thierry Prigent : appliquer les cadences de production du monde cinématographique aux secteurs industriels : "Il s'agirait de regrouper dans une seule base de données, dans une unité de lieu tous les documents afférents à un projet donné : plans, capteurs, vidéos, spécifications, textes, son... Airbus, les industries du médical, les banques ou encore les assurances doivent pouvoir conserver des données dans des conditions légales, selon les normes ISO 11506 et Afnor NF Z42-013".

Pour les particuliers en revanche, à moins d'innovations dans le domaine, la solution de la copie périodique sur les derniers supports en cours reste l'issue de secours.

HEUREUSEMENT QUE MES PHOTOS DE PLAGE SONT SUR PAPIER ARGENTIQUE SCANNÉ !

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