TOUT EST DIT

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lundi 19 avril 2010

Une réponse un peu fumeuse


Pour un(e) dirigeant(e) politique, le cauchemar, c'est l'inédit. L'horreur absolue, le « jamais vu ». Quand une situation n'a pas de précédent, donc pas de code, il (elle) est tout à coup désorienté(e). Sans repères, sans réflexes conditionnés, sans discours pré-structuré sur lequel s'appuyer. Il faut alors fonctionner à l'instinct. Se livrer au risque sans faire de faute. Décider. Et vite. Les circonstances, généralement, l'exigent. Le pouvoir, alors, devient cette épreuve cruelle de l'histoire immédiate qu'il faut bien affronter à mains nues. Pas le choix. Dans ce jeu de massacre où les vainqueurs sont rares, seul(e)s les meilleur(e)s sont à la hauteur de l'appellation si galvaudée - et si sexiste d'ailleurs - d'« homme d'État ».
Après la gifle des régionales, les mauvais sondages et les incroyables flottements de l'après-Xynthia, le gouvernement se serait donc bien passé du casse-tête (casse-gueule ?) supplémentaire imposé par le nuage islandais. Une pénitence. Au lieu de souffler en profitant du soleil des premiers beaux jours, il a fallu ramer dans le brouillard, et plutôt pour le pire que pour le meilleur. Dans le reportage du 20 heures, la brochette Fillon-Borloo-Bussereau, cols de chemise ouverts (un « Sunday wear improvisé ? ») faisait presque peine à voir. Cette apparente décontraction cachait mal que, depuis quatre jours, ils patinent d'une réunion interministérielle à l'autre dans la boue du volcan.
Ils ont les meilleures excuses du monde : le job était infaisable, reconnaissons-le. Mais l'impuissance, au moins, aurait pu donner le change. Au lieu de cela, la gestion française de la pagaille engendrée par la fermeture des espaces aériens européens a pris l'apparence d'une improvisation sans grande imagination avec, à chaque fois, un décalage sur le film.
Des illusions sur le redémarrage des vols, reporté de demi-journée en demi-journée, au désordre dans les gares, la machine d'Etat a donné le sentiment de planer. Sans pouvoir sur les commandes. Si les journalistes peuvent compatir avec un tel désarroi affiché, l'opinion, elle, l'accepte difficilement. Les Français n'attendent pas forcément de miracle de leurs gouvernants. Simplement du professionnalisme et de la vivacité. Cette fois-ci, l'un et l'autre ont manqué dans des journées anxiogènes ou au moins usantes qui ont nourri le spectre d'un pays bloqué. Après les ratages sur les zones noires du grand Ouest où les contradictions sont allées bon train, ce nouvel épisode approximatif aura des conséquences sur le capital de confiance, déjà amaigri, accordé au pouvoir politique en général. Quant à ce secteur majeur de l'économie française qu'est le tourisme, il va devoir digérer cet énorme bug sans trop compter sur les aides publiques en pleine disette.

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