TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 19 avril 2010

Nuage de cendres : des conséquences économiques bien au-delà du secteur des transports

Si les conséquences macroéconomiques du nuage de cendres islandais ne sont pas encore mesurables, au plan microéconomique, perdants et gagnants sont clairement identifiables. Les titres d'Air France-KLM et d'Aéroports de Paris (ADP) perdaient ainsi près de 5 %, lundi matin 19 avril, à la Bourse de Paris.
Les attentats du 11 septembre 2001 avaient provoqué des dégâts directs estimés à 10 milliards d'euros, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Une somme qu'il convient de doubler en raison des coûts indirects, dont la suspension du trafic aérien.

* LES PERDANTS

Transport aérien. Selon l'Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne (Eurocontrol), 63 000 vols ont été annulés depuis le 15 avril, dont 20 000 dimanche 18 avril. L'Association internationale du transport aérien (IATA), qui rassemble 230 compagnies assurant 93 % du trafic international, estime que ses adhérents perdent 200 millions de dollars (147 millions d'euros) par jour.

Sans parler des coûts additionnels pour la maintenance, l'aide aux passagers en transit dans les aéroports… "On pourrait atteindre 1 milliard d'euros de pertes cette semaine", a déclaré Steve Lott, porte-parole de l'IATA. Finnair est la seule compagnie qui chiffre sa perte : 2 millions d'euros par jour.

Air France juge prématuré d'en faire autant. Un jour de grève suivie coûte à la compagnie environ 10 millions d'euros : dans cette phase d'arrêt total du trafic, les coûts sont proches du double, estiment les analystes.

Aéroports. En Europe, ils enregistrent une perte de 136 millions d'euros, selon l'Association des aéroports internationaux (ACI).

Commerce. Le Kenya exporte des fleurs, Israël des mangues : tous les produits frais utilisant l'avion enregistrent des pertes sèches, difficilement mesurables.

Tourisme. La Grèce va perdre des devises du fait de la panne du ciel. Certains tour-opérateurs remboursent des voyages, les hôtels acceptent les annulations.

Messageries. Federal Express (FedEx), dont le hub européen est en France, a fait savoir, dès la fin de la semaine dernière, qu'elle n'acceptait plus de marchandises à destination ou en partance d'Europe. FedEx aura "recours au transport routier". United Parcel Service (UPS) et DHL, qui ont des hubs en Allemagne, ont suspendu leur activité en Europe. Les industriels qui sont en "flux tendu avec l'Asie, les Etats-Unis ou même l'Afrique sont pénalisés", a déclaré Norman Black, porte-parole d'UPS.

* LES GAGNANTS

Loueurs de voiture. Avis, Hertz, Europcar, qui auraient pu pâtir de la panne du trafic aérien, ont vu leurs agences dans les aéroports prises d'assaut par des passagers en transit à la recherche d'une solution à l'intérieur de l'Europe.

Route. Une partie du trafic aérien intra-européen est détournée sur la route et le rail, qui bénéficient ainsi d'un regain d'activité. La Poste royale britannique achemine ses plis vers l'Espagne par camions, afin qu'ils prennent l'avion vers les Etats-Unis. Selon Reuters, certains ministres européens des finances réunis à Madrid ont accepté de payer des sommes proches de 4 000 euros pour regagner leur pays en taxi. Les journalistes ont affrété un bus vers Bruxelles.

Rail. En France, les pouvoirs publics exercent une forte pression pour inciter les grévistes de la SNCF à cesser leur mouvement. Des trains à forte valeur ajoutée comme Eurostar (huit trains supplémentaires dimanche), Thalys, les TGV et ICE vers l'Allemagne ont été programmés. "Ces trains supplémentaires représentent une goutte d'eau comparée à l'offre habituelle", indique un porte-parole de la SNCF, qui ajoute qu'un "bilan financier est pour l'instant impossible".

Ferries. Brittany Ferries a vu son trafic vers l'Angleterre augmenter de 30 % au départ de Caen, Cherbourg, Saint-Malo et Roscoff. Les liaisons maritimes vers l'Irlande ou la Corse sont prises d'assaut.
Yves Mamou

0 commentaires: