TOUT EST DIT

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mercredi 17 mars 2010

Merkel prône un mécanisme d'exclusion de la zone euro

Implicitement, c'est évidemment la Grèce qui est visée. La chancelière allemande répète avec force l'opposition de son pays à un soutien trop rapide à Athènes. Et s'enferme dans une stratégie d'isolement.

Son ministre des Finances Wolfgang Schäuble l'avait déjà dit, Angela Merkel l'a répété avec force mercredi, devant les députés allemands : la zone euro devrait pouvoir exclure un de ses membres, "quand il ne remplit pas les conditions" d'appartenance à la monnaie unique. Une attaque qui vise évidemment la Grèce confrontée à un déficit budgétaire quatre fois supérieur à la limite de Maastricht.

La chancelière allemande justifie ce "carton rouge" interne à la zone euro par l'inadaptation des mécanismes du Pacte européen de stabilité et de croissance. Ces derniers prévoient notamment des pénalités financières et des amendes mais qui seraient inapplicables, selon Angela Merkel. Un pays "ne peut pas payer quand il n'a pas d'argent", explique-t-elle.

La chef du gouvernement allemand en profite pour réaffirmer son opposition à un soutien trop rapide à la Grèce. "Une manifestation de solidarité rapide ne peut pas être la bonne réponse", affirme-t-elle. Il faut au contraire "attaquer le problème à la racine", à savoir que la Grèce remette elle-même de l'ordre dans ses finances publiques. Ce n'est pas la spéculation sur les marchés financiers qui a mis Athènes en mauvaise posture, mais "la violation des années durant du Pacte de stabilité", a-t-elle rappelé, précisant que la spéculation n'avait fait que "renforcer" cet effet.

A lire aussi: Pourquoi l'Allemagne traîne des pieds pour aider la Grèce

Lundi soir, les ministres des Finances de la zone euro ont pourtant mis au point les grandes lignes d'un plan d'aide éventuel à la Grèce, qui pourrait être activé si la situation grecque empirait. Mais depuis, le gouvernement allemand n'a de cesse d'affirmer que ces dispositions n'ont pas valeur de "décision politique".

Pour la chancelière, la solution passe donc par la création d'un fonds monétaire européen (FME), qui, sur le modèle du Fonds monétaires international (FMI), viendrait en aide aux pays en difficultés. Mais cette idée, déjà mise en avant par Wolfgang Schäuble, est loin de faire l'unanimité en Europe.
Le FME, porte de sortie de la zone euro?

Le discours allemand insiste en effet de plus en plus sur les sanctions qui seraient attachées à ce dispositif, et notamment cette fameuse exclusion de la zone euro, et de moins en moins sur l'aide qu'il apporterait. "Le FME est un écran de fumée", commentait le Financial Times cette semaine, "il ne s'agit pas d'aider les pays en difficultés, il s'agit de les aider à sortir" de la zone euro.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a pourtant jugé à plusieurs reprises "absurde" une exclusion de l'un ou l'autre membre de la zone. Mais l'idée est très populaire dans l'opinion publique allemande.

Reste que l'obsession de l'orthodoxie budgétaire de Berlin irrite ses partenaires. Et notamment la France pour qui les déficits budgétaires de ses membres ne sont pas les seuls déséquilibres auxquels est confrontée la zone euro. La ministre de l'Economie française Christine Lagarde a initié la fronde en dénonçant le modèle économique allemand qui favorise le commerce extérieur et les excédents commerciaux au détriment de la demande intérieure... et des importations en provenance des partenaires européens. Mercredi, elle a d'ailleurs enfoncé le clou en enjoignant l'Allemagne à baisser les impôts, pour stimuler la consommation.

Les prises de position de Berlin en faveur de la rigueur budgétaire interviennent à un moment où l'Allemagne peut difficilement se poser en donneuse de leçon. Le déficit budgétaire fédéral atteindra cette année un record, et mercredi Angela Merkel et son équipe se sont fait taper sur les doigts par Bruxelles: "la stratégie budgétaire présentée n'est pas suffisante", a jugé la Commission européenne. "L'Allemagne est donc invitée à préciser la stratégie budgétaire qui lui permettra de corriger son déficit excessif".

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