TOUT EST DIT

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mercredi 17 mars 2010

Du bricolage et de l'abstention

Et si les abstentionnistes étaient aussi des bricoleurs ? Philippe Petit analyse le phénomène le plus important du premier tour tout en répondant à Elisabeth Badinter.
Où sont les hommes ? Apparemment il n’y a aucun rapport entre le taux élevé des abstentions et le bricolage ?
Nous allons essayer d’en trouver un.

Il est parfois de doctes pensées qui frisent l’arrogance. Dans un entretien paru dans « Causeur » de mars 2010, l’historienne des idées Elisabeth Badinter lâche cette phrase qui ne laisse pas de surprendre à propos des pères à la maison : « Aujourd’hui, les voitures, on s’en moque, et plus personne ne bricole ». Cette phrase déboule après un argumentaire raisonné apportant la preuve que la répartition des tâches domestiques demeure encore aujourd’hui très inégale entre les hommes et les femmes. Ce qui est vrai. Mais en conclure que les hommes ne bricolent plus. Comment y croire ? Sauf erreur de ma part, cela contredit le taux d’affluence au « Salon du Bricolage », ainsi que la réalité de la France sub-urbaine, des pavillons, ou des grands ensembles. Pour des pelouses garnies de fleurs, combien de cabanes au fond du jardin, où s’entreposent, comme hier dans le garage, les outils du délit ? Ou bien Madame Badinter ne sillonne pas les routes de France, ou bien elle s’aveugle. Le bricolage, affaire d’hommes, est aussi une affaire de femmes. Et rares sont les cuisines des milieux populaires et des classes moyennes qui ne soient l’objet d’un montage en kit. Alors, pourquoi cette affirmation péremptoire ?

C’est un peu comme les abstentions. Tout le monde a son avis sur la question. Front du refus des indifférents, disent les uns. Rejet contestataire, disent les autres. Sous la IV République, il était de bon ton de s’en prendre au régime des Assemblées. C’est même pour cette raison que fut inventé la V République. Dont le programme se trouve dans le discours de Bayeux du Général de Gaulle en 1946.

Aujourd’hui, une absence de mobilisation des électeurs, c’est la mort annoncée de la démocratie : la fin du parlementarisme rationalisé. Que les motifs de l’abstention soient très hétérogènes, cela est une évidence. Mais ce n’est pas en multipliant les radios trottoirs et les enquêtes individualisées que l’on parviendra à se faire une idée de l’indifférence qui frappe les électeurs potentiels.

Le Monde Magazine a tenté cette fin de semaine un petit tour d’horizon des motivations de ces indifférents. Il y avait le réfractaire, la distante, le déçu … Tous avaient de bonnes ou de mauvaises raisons de ne pas aller voter aux régionales. D’autant que les appels à la mobilisation, pour être réels, avant l’élection, furent plutôt discrets. Au regard des manifestations des infirmières, des enseignants, des ouvriers de chez Siemens, l’enthousiasme électoral fut finalement de faible ampleur. La campagne électorale ne restera pas dans les annales des grandes campagnes. Certes, il y eut des meetings plein d’ardeur, et il n’est pas dit que les abstentionnistes d’un jour, le seront d’un autre, mais on aurait tort d’interpréter l’indifférence supposée de ce dimanche à un simple accident de parcours. Ce n’est pas parce que presque toutes les nuances de l’échiquier politique sont représentées au premier tour que la cohérence doit se retrouver forcément au second tour.

Que ce soit la faute du bricolage ou d’autre chose – ces élections sont l’occasion de réfléchir sur « L’État de Nicolas Sarkozy ». Ce que fait la revue « Esprit » dans son numéro de Mars-Avril 2010.
Elles sont l’occasion de s’interroger sur l’antisarkozisme.

Car ce n’est pas forcément le plus voyant, le plus tonitruant, qui est le plus efficace.

L’État entrepreneur ce n’est pas une idée du président Sarkozy, c’est une idée de la gauche en 1983.
Ce dossier tombe donc à point nommé. Il est suffisamment complet – sur les collectivités territoriales, sur le Grand Paris, sur la sécurité – pour servir de guide électoral entre les deux tours.

D’ailleurs, pourquoi on ne distribuerait pas des Guides électoraux. Il existe bien un Guide du suivi judiciaire !
Au moins, il serait possible de savoir ceux qui suivent ou pas le Guide…
Philippe Petit

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