Le bleu pour les garçons, le rose pour les filles. Les stéréotypes de genre ont la vie dure au royaume des ados. D'après une étude, les jeunes jugent que les hommes doivent ramener le pain quotidien alors que les femmes réservent leurs forces pour les marmots et la tambouille. Le féminisme, ringard dans la cour de récré ?
Les stéréotypes pourraient servir de base à l'identification sexuelle des ados (AFP), c'est ce qui transpire en tout cas d'une étude réalisée par Ipsos sur 800 jeunes (15-18 ans) dans le cadre du forum adolescences 2010 de la Fondation Wyeth pour la santé de l'enfant et de l'adolescent, qui s'est ouvert mercredi dernier.
En quête de normalité
D'après l'enquête, les question de la différence et de l'appartenance sont au centre des inquiétudes des adolescents. La moitié des jeunes sondés considèrent qu'il peut être dangereux d'être différent des autres. La différence est ainsi source de discrimination pour 81 % d'entre eux. "Le ressenti de sa différence individuelle par rapport au groupe d'appartenance apparaît comme un critère déterminant du moral et du bien-être des adolescents", expliquent les auteurs du sondage. Ainsi les jeunes qui se sentent différents des autres ont plus de chances de se sentir mal dans leur peau ou carrément isolés.
La femme au foyer, l'homme à la PSP
Pour "rentrer dans le moule", ce que 63% des ados considèrent comme étant le meilleur choix, rien de tel pour les garçons que les bons vieux stéréotypes machos de leurs aînés. "C'est le propre de la puberté de marquer la différence entre les sexes. Les adolescents ne sont pas très sensibles à l'égalité des sexes car cela remet en cause le changement qui est en train de s'imposer à eux", souligne le pédopsychiatre Philippe Jeammet. Les jeunes mâles n'hésitent donc pas à diviser le monde entre tâches féminines et comportements masculins. Pour eux, la femme doit "faire des enfants", "s'occuper des tâches ménagères" et à la rigueur téléphoner à ses copines entre deux biberons. L'homme lui doit "être viril" en toutes circonstances, c'est donc sports et jeux vidéos à toutes les sauces, sans pour autant oublier de subvenir aux besoins de sa famille en "ramenant l'argent".
Si ces demoiselles revendiquent plus de parité et de pouvoir, "les garçons s'enferment dans leur identité masculine comme dans une forteresse assiégée", analyse le pédopsychiatre Stéphane Clerget.
Machisme ou féminisme ?
A l'heure d'une égalité de plus en plus importante entre hommes et femmes dans le milieu professionnel, dernier fief masculin attaqué : les conseils d'administration, les trois quarts des jeunes estiment toujours qu'être un garçon ou une fille "ça change beaucoup de choses". Cette perception toujours vivace d'un sexe faible et de l'autre fort serait forgée par le traitement différent qu'infligent les parents mais aussi la société en général en fonction du sexe de la personne. 36% des ados estiment mêmes qu'hommes et femmes n'ont pas les mêmes chances de réussir dans la vie.
L'adolescence est-t-elle mère de disparité ? Au vu du retour d'un certain machisme décomplexé, l'éducation sexuelle enseignée dans les lycées gagnerait certainement à s'enrichir de quelques heures consacrées à des notions basiques de féminisme.
Damien Bouhours
lundi 8 février 2010
ADOS – Aussi machos que les grands
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