La crise de confiance des marchés envers la soutenabilité des dettes grecque, portugaise et espagnole fait le bonheur des hedge funds. Seul un message fort des dirigeants de l'UE pourra mettre un terme à ces attaques spéculatives qui se répercutent sur l'euro.
Au sommet il y a moins de quatre mois, l'euro est actuellement au plus bas : la monnaie unique européenne vaut à peine 1,37 dollar, son plus bas niveau depuis huit mois, contre plus de 1,50 dollar en octobre 2009. Cette évolution est moins le reflet d'un regain de vigueur du billet vert que de la défiance des investisseurs envers l'endettement et les déficits records des pays d'Europe du Sud. Le problème est que cette inquiétude légitime a laissé place à une forte dose d'irrationnel.
"Pour les investisseurs étrangers, la zone euro est censée représenter un îlot de stabilité et offrir une certaine harmonie des politiques budgétaires grâce aux critères de Maastricht, explique Bertrand Lamielle, directeur de la gestion chez B*capital. Mais la crise a balayé cette image de bouclier, révélant de fortes disparités dans les finances publiques des Etats membres."
La Grèce, dont les déficits et la dette publics sont si élevés que la Commission européenne a placé le pays sous une quasi-tutelle, a été le déclencheur de cette débâcle financière qui a contaminé depuis le Portugal et l'Espagne. Pays qui forment avec l'Irlande le groupe des Pigs. Depuis trois semaines, le prix des obligations émises par les trésors grec, portugais et espagnol ont perdu plus de 5% de leur valeur, tandis que les taux d'intérêt de leurs emprunts sont montés en flèche.
Athènes, Lisbonne et Madrid dénoncent des attaques spéculatives. C'est aussi l'avis de Bertrand Lamielle : "Personne ne croit vraiment à une faillite de la Grèce, encore moins à sa sortie de la zone euro, souligne-t-il. Ces attaques contre la dette grecque, et plus récemment contre celle du Portugal et de l'Espagne, sont manifestement l'oeuvre de hedge funds anglo-saxons."
Une opportunité de s'enrichir pour les spéculateurs
Car l'opportunité de s'enrichir, pour ces fonds spéculatifs, est double. Pariant sur la baisse du prix des obligations des pays du sud de la zone euro, ils vendent à terme ces obligations à découvert - c'est à dire avant d'en être les propriétaires réels - espérant ainsi profiter d'une baisse rapide pour générer des plus values. Une tendance qu'ils alimentent en achetant des positions et en les revendant dans la foulée. De fait, plus ils vendent, plus les prix baissent.
Par ailleurs, ils se ruent sur les CDS (Credit Default Swap, produits dérivés permettant de s'assurer contre le risque de défaut de paiement d'un Etat) qu'ils revendent plus chers ensuite, leur valeur augmentant en parallèle de la hausse des taux d'intérêt des emprunts de ces Etats. "Le marché des CDS sur les emprunts grecs a explosé ces derniers jours, confie le directeur de la gestion chez B*capital, dépassant ceux du Liban, de la Roumanie ou de l'Egypte. C'est complètement fou !".
Par ricochet, ces attaques se répercutent sur l'euro : sous la pression des fonds spéculatifs, les investisseurs privilégient les placements jugés aujourd'hui moins risqués, en dollar, traditionnelle valeur refuge lorsque les marchés tanguent.
Que faire pour enrayer cette mécanique spéculative? "Restaurer la confiance, qui est le nerf des marchés", indique Bertrand Lamielle. "Il faut un message fort des dirigeants politiques et économiques de la zone euro, écartant tout risque de faillite de la Grèce et garantissant la bonne exécution de son plan de rigueur budgétaire", poursuit-il. Message transmis aux dirigeants des pays de l'UE qui se réuniront jeudi à Bruxelles pour parler crise économique et relance de la croissance.
lundi 8 février 2010
La zone euro, nouveau terrain de jeu des spéculateurs
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