TOUT EST DIT

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dimanche 6 décembre 2009

L'objet du jour : le préservatif, par Terra Eco#

L’estampille "écolo" a le vent en poupe. Et les préservatifs ne font pas exception. Depuis quelques années, les marques "vertes" se sont multipliées. En France, dans les magasins bio ou certaines pharmacies, on trouve les NamNam à la fraise ou les Birds’n Bees de couleur verte du Dr. Theiss. Cette marque suédoise affirme utiliser uniquement du naturel pour son latex et ses produits de traitement (pour la résistance, la finesse…) ou de lavage. En Angleterre, fer de lance de la cause animale, il existe des préservatifs certifiés sans aucun produit de traitement d’origine animale, comme ceux de Condomi ou de Glyde.
APHRODISIAQUE À PRIX PLANCHER

Outre-Manche encore, des préservatifs en latex se sont fait une place sur les rayons du commerce équitable. Depuis la fin 2007, la marque French Letter commercialise des capotes fabriquées en Allemagne et dont la matière première provient d’une filière équitable de production de caoutchouc naturel située en Asie du Sud. Quatre modèles sont distribués dans les boutiques de commerce éthique, les pharmacies ou les sex-shops : Aphrodisiaque, Désir prolongé, Douce Caresse et Massage excitant. Qui a dit que l’éthique n’était pas sexy ? Sûrement pas Martin Buckley, codirecteur de la société, qui explique : "Nous sentions qu’il y avait une occasion pour une marque de préservatifs éthiques et nous avons travaillé avec l’entreprise Fair Deal Trading, qui a recherché pour nous des fournisseurs." Car en Grande-Bretagne, il n’existe pas d’organisme indépendant de certification équitable pour le latex. Exactement comme pour un chocolat ou un café équitables, les petits producteurs partenaires de Fair Deal Trading touchent un prix plancher pour leur latex : 50 centimes d’euro par kilo sec.

Les saigneurs d’hévéas "sont ainsi en mesure d’améliorer leur niveau de vie et de construire des communautés plus fortes", vante Martin Buckley, qui cite l’installation de conduites d’eau dans les maisons d’une vingtaine de travailleurs au Sri Lanka, ou encore la constitution d’un fonds pour l’éducation dans une communauté du sud de l’Inde. Et ce n’est pas tout. Le latex issu de cette filière équitable est également certifié FSC (Forest Stewardship Council). Lancé en 1992 par le WWF, il garantit une exploitation durable des forêts.

"ARGUMENT COMMERCIAL"

Si le préservatif écolo commence à pénétrer le marché de la capote, il reste cependant anecdotique. Combien de ventes ? Impossible de le déterminer sur un marché où même celles des préservatifs conventionnels sont nimbées de mystères. En effet, il n’existe pas de panels nationaux pour les mesurer. Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) estime tout de même que 10,4 milliards de préservatifs masculins ont été utilisés en 2005. Quant au préservatif féminin, bien qu’il soit en forte progression, il n’a été distribué dans le monde qu’à 25 millions d’exemplaires en 2007, d’après la Female Health Company, seul fabricant agréé par l’administration américaine. Côté performances, Manix se classe deuxième en France avec environ 25 % des parts de marché, juste derrière le britannique Durex.

Ces fabricants "traditionnels" se montrent peu bavards sur l’origine exacte de leur latex. Secret industriel, invoque Jean-Marc Bloch, le responsable marketing et communication de Manix en France. "Il s’agit d’un latex naturel issu d’hévéas d’Asie", concède-t-il. Certification FSC ? accords avec les producteurs ? On n’en saura pas plus. En tout cas, pour lui, les fabricants écolos ne sont pas plus "verts" que les conventionnels : "Ils n’ont fait que pointer un argument commercial. Le préservatif est un produit par nature écolo puisque issu d’une matière première naturelle et renouvelable."

VULCANISANTS, STABILISANTS…

Cette occasion, Durex, le concurrent, l’avait aussi flairée : "Comme Claire, participez au développement durable en utilisant les préservatifs Durex. Ils sont composés d’un latex 100 % naturel", avançait le leader mondial dans une campagne de publicité. Problème : l’ensemble de la filière n’apparaît pas aussi "vert". Sur une page du site Internet du groupe australien Ansell, propriétaire de Manix, qui décrivait la fabrication des préservatifs dans une usine thaïlandaise, on a pu lire : "Afin d’obtenir les propriétés finales du produit, un certain nombre de composants chimiques doivent être utilisés, comme des stabilisants, des vulcanisants, des produits antidégradants et des colorants."

Tout ça ne sonne pas très naturel. Mais selon le porte-parole de Manix, ces traitements chimiques ne concernent que des produits exceptionnels. "On utilise des moules et des bains différents selon ce que l’on veut obtenir", explique-t-il. Seulement, depuis le milieu des années 2000, les exceptions semblent devenues la norme. Car en quelques années, les capotes ont adopté toutes les formes et saveurs possibles, histoire de gommer leur aspect médical pour leur donner une plus-value "plaisir" et, du même coup, augmenter les prix.

ÉBATS EN SOUS-BOIS

A cause du cocktail chimique dans lequel elles ont trempé, la plupart des capotes, fabriquées à partir de latex, ne se révèlent pas plus biodégradables que leurs cousines en plastique (du polyuréthane). Ne songez pas non plus à abandonner votre French Letter usagée dans la nature, après ébats dans les sous-bois. La marque durable et équitable ne produit pas un préservatif 100 % "vert". "Il n’existe pas de lubrifiants naturels permettant de produire un préservatif avec une durée de vie suffisante, justifie Martin Buckley. Nous utilisons donc du Dimethicone", une substance chimique dangereuse pour l’environnement. Pas question non plus de prendre la chasse d’eau pour une poubelle. "Il ne faut surtout pas les jeter dans les toilettes, insiste le codirecteur de la société, car l’eau les préserve." Sans compter que les stations d’épuration, qui les récupèrent, ne les apprécient guère.

Louise Allavoine

ON VA VOIR DES PETITS ZOBS VERTS ?

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