TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 6 décembre 2009

Sauver l’histoire!

La réforme des lycées, présentée jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education, propose de rendre optionnelle l’histoire-géo en terminale S.

Rééquilibrage des séries, orientation plus progressive, possibilité de changer de filière, accompagnement personnalisé pour tous les lycéens. Telles sont les lignes de la réforme des lycées que le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, présentera jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education. Cette réforme commence à fédérer des mécontentements de la part d’associations de professeurs, déçues des nouvelles grilles horaires.

Mercredi, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) a défilé à Paris pour dénoncer la perte d’une heure en classe de seconde. Les SES sont dispensées actuellement sous forme de deux heures et demie d’option ramenées à une heure et demie dans le cadre des enseignements dits "d’exploration" de la réforme Chatel. L’Apses rappelle que l’économie est le seul enseignement général d’une des trois séries à ne pas être obligatoire, ce qui va à l’encontre de la logique d’orientation réversible défendue par Luc Chatel.

A cette protestation s’ajoute celle des professeurs d’histoire-géographie. L’APHG (Association des professeurs d’histoire-géographie) s’insurge contre la disparition de l’histoire-géographie parmi les matières obligatoires en classe de terminale scientifique. Celle-ci deviendrait une option facultative. "Les élèves de terminale S représentent aujourd’hui plus de la moitié des effectifs. Trop d’élèves seront privés d’un enseignement indispensable à leur culture générale, déplore Hubert Tison, président de l’APHG. Cela dénote une volonté de rupture avec les humanités et avec des valeurs supposées être de gauche. Dans une vision utilitariste de la société, tout enseignement qui ne débouche pas sur un métier concret est mal vu."
"Une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie générale"!

Au cabinet de Luc Chatel, on pense que cette mesure sera bénéfique aux élèves. « En terminale, les élèves scientifiques vont pouvoir se consacrer à leur spécialité et être mieux préparés aux études supérieures. Et pour ceux qui choisiront l’option histoire-géographie, ce sera un vrai choix et non une matière imposée. » Un conseiller du ministre préfère souligner "la place prépondérante que la matière prendra en première, puisque tous les élèves – L, ES et S – vont bénéficier pour la première fois d’un même enseignement en histoire-géo, à raison de quatre heures par semaine."

"Quels citoyens voulons-nous pour demain?", s’interrogent aujourd’hui historiens et intellectuels dans un appel rédigé par Serge Berstein, spécialiste de l’histoire politique du XXe siècle (lire ci-dessus). Pour la plupart des signataires, cette décision est incompréhensible, alors que la lecture de la lettre de Guy Môquet est souhaitée dans les écoles, et qu’un grand débat est engagé sur la question de l’identité nationale.

L’historienne Hélène Carrère d’Encausse juge, quant à elle, "catastrophique que des élèves de terminale ne disposent pas d’enseignement en histoire-géographie, ce qui les priverait de la culture générale la plus élémentaire qui forme l’entendement des citoyens". Pour Jean-Pierre Azéma, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, "l’étude de l’histoire et de la géographie est utile à nos élites scientifiques, elle permet de se situer dans le temps et dans l’espace, de questionner le passé pour se forger un jugement". Pierre Milza, autre spécialiste du XXe siècle, n’hésite pas à dénoncer "une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie générale"!

0 commentaires: