Chercher à qui la faute, puisque ça ne peut pas être le patron, trouver un responsable, un bouc émissaire du mauvais moment qui ne passe pas. Donc à droite, Eric Besson et Henri Guaino ont les oreilles qui sifflent et les yeux qui brûlent s’ils lisent la presse, et ils la lisent, conspués comme les mauvais bergers qui entraînent vers l’abîme toute la caravane sarkozyste.
Besson, par son débat sur l’identité nationale, ni bordé ni préparé, qui ne profiterait à personne, qu’au Front national; Guaino par ses manquements à la discrétion de rigueur ou à la solidarité minimale, qui ose préférer quelques grands historiens au néo-ministre de l’Education Luc Chatel, et prétend avoir le droit de parler et de penser seul…
Les voilà donc ciblés par leurs pairs, et tout sort, et tout se sait. Un ministre anonyme compare Besson à Laval dans Marianne; Le Figaro révèle un psychodrame dans le saint des saints, une altercation à l’Elysée, où Guaino s’est fait tancer par ses collègues conseillers. Ce qui compte, là-dedans, c’est que les articles existent, sont nourris. On ose donc. Sincèrement? Par jalousie? Par calcul? C’est donc leur fin? Demain? Aux régionales? Et murmure le microcosme, et parient les sarkologues, sur la chute des favoris… Il faut regarder ce qu’ils portent et comment ils se ressemblent, ces deux détestés du moment. Besson? L’étrangeté en politique, incarnation du traître pour la gauche, mais mal adopté par la droite, tant utilisée par ce nouveau maître qu’il semble parfois imiter, jusqu’au malaise… Guaino? La solitude même, inguérissable du gaullisme perdu, trouvant en Sarkozy son chef du possible, l’habillant de ses mots. Guaino, plus que Besson, rugit ses convictions ; Besson, plus que Guaino, subit la haine injuste.
Mais ils partagent une haute idée d’eux-mêmes et un orgueil sans limites… ou plutôt limité par leur dépendance au Président, qui seul les fait vivre, qui seul les fait exister dans le jeu du pouvoir, puisqu’ils ne ressemblent pas aux autres, sans racines, sans soutiens, sans pairs ni vassaux ni territoires. Ils ont leurs torts, leurs erreurs, leurs fautes. Mais ils sont tous deux non-conformes, même en essayant, et les UMPistes normaux, les prévisibles, doivent saliver, parfois, en attendant que le Président baisse le pouce. Guaino comme Besson conjurent, même pas peur, jurent-ils, puisque le Président les soutient encore, toujours, il le leur doit, il l’a dit en réunion de majorité, il le redira… Mais le dira-t-il toujours?
Ah, si le maréchal savait, soupirait le bon peuple entre 1940 et 1944? La problématique du bon chef et des conseillers qui fautent est toujours une illusion. Sans Nicolas Sarkozy, pas de Guaino, ni de Besson, ni d’identité nationale. Le patron sait, évidemment, et il veut. Ce qu’il doit savoir aussi, le Président, c’est que les haines et les médisances marquent toujours l’amorce des défaites, des débandades et des fins piteuses. C’est aussi une révélation sur l’état des droites, le lynchage de Guaino et Besson. Quand Sarkozy, à l’étranger, prétend forger l’entente cordiale et la gouvernance mondiale unifiée, en France, ses familles s’égaillent, préparent les futurs procès, et se haïssent comme si la ruine était déjà consommée.
dimanche 13 décembre 2009
Bouc émissaires
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