TOUT EST DIT

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mercredi 23 avril 2014

En pariant sur le retour de la croissance, le gouvernement joue son va-tout


Bercy vise une nette accélération du PIB en 2015, 2016 et 2017. Comme en 2012, l’exécutif espère que ce retour de la croissance permettra à la fois de réduire le taux de chômage et de respecter ses engagements communautaires.
Pour le gouvernement, c'est une certitude : le retour de la croissance est imminent. Après avoir progressé de 0,3% en 2013 et de 1% cette année, le PIB continuerait d'augmenter inexorablement au cours des trois prochaines années. En 2015, l'activité progresserait de 1,7% puis de 2% et 2,25% en 2016 et 2017. Telles sont les prévisions de croissance qui seraient intégrées au programme de stabilité que Manuel Valls présentera ce mercredi en Conseil des ministres et qui seront intégrées au programme de stabilité que la France transmettra à Bruxelles le 7 mai.
Révisées à la hausse - l'exécutif visait jusqu'ci une hausse de 0,9% du PIB cette année, de 1,7% en 2015, de 2% et 2,25 en 2016 et 2017, ces prévisions sont-elles trop optimistes ? Si elles dépassent le consensus des économistes, elles sont en ligne avec celles établies par la Commission européenne.

Les effets des mesures gouvernementales

Comment justifier cet allant ? Le gouvernement compte sur les effets des mesures déjà mises en place, notamment le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) intégré au Pacte de compétitivité, mais aussi sur les baisses d'impôts prévues par le Pacte de responsabilité pour relancer l'investissement, l'emploi et in fine l'activité.
Le 21 janvier, François Hollande n'avait-il pas déclaré lors de la présentation de ses vœux aux forces vives que " Tout, je dis bien tout, a été fait pour mobiliser les énergies " ? Il suffirait donc d'attendre un peu pour ces mesures produisent enfin leurs effets, en laissant de côté l'impact négatif sur la consommation et l'investissement que devraient probablement provoquer le programme d'économies de 50 milliards dévoilé la semaine dernière par le Premier ministre, la fermeté de l'euro, voire une situation déflationniste

Le gouvernement a-t-il vraiment le choix ?

L'exécutif prend-il des risques en affichant un tel volontarisme ? Pressé par Bruxelles de tenir ses engagements en matière de réduction du déficit public qui doit être abaissé à 3% du PIB en 2015, Bercy n'a pas vraiment le choix que de croire en sa bonne étoile. Les gouvernements français, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont pris l'habitude de surestimer leurs prévisions de croissance contenues dans les programmes de stabilité pour ne pas s'attirer les foudres de Bruxelles.
Est-ce de leur faute ? Au regard des incertitudes dans le domaine macroéconomique, faire des paris sur le moyen terme n'est-il pas saugrenu ? En 2013, le gouvernement n'a-t-il pas été incapable de mesurer avec précision l'activité en… 2013. Après avoir tablé jusqu'à la fin de l'année sur une hausse de à 1% du PIB, Bercy a finalement constaté que celui-ci avait progressé de 0,3%.

L'annonce choc de François Hollande

En affichant un tel volontarisme, une telle confiance en l'avenir, le gouvernement tente de faire coup double. Tout en assurant le service-après vente de son action dans le domaine économique, il essaie également d'instiller une petite dose de confiance dans l'esprit des ménages et des chefs d'entreprises. " C'est en voyant loin qu'on change la perception du présent, qu'on gagne la confiance. (…) Sur le plan psychologique, il est très important que les Français se disent: "ça peut repartir" ; car la confiance ramènera la consommation et l'investissement ", avait déclaré François Hollande lors de sa conférence de presse le 13 mai… 2013. Près d'un an plus tard, ce manque de confiance est certes un peu moins vif si l'on en croitles récentes enquêtes de conjoncture des Français, mais il reste préoccupant.
En outre, pour François Hollande, faire preuve volontarisme est essentiel. En effet, si croissance n'est pas de retour, et si elle n'est pas durable, baisser le nombre de demandeurs d'emplois sera toujours très compliqué. " Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu ", a déclaré la semaine dernière le chef de l'État, espérant donc que l'objectif d'inverser la courbe du taux de chômage qui devait être atteint fin 2013, le soit avant mai 2017.

Les statistiques à rescousse !

En attendant que les mesures du gouvernementales produisent ou non leurs effets, le gouvernement aura tout de même la satisfaction le 15 mai de constater une assez nette révision à la hausse des statistiques macroéconomiques de la France. C'est en effet à cette date que l'Insee, appliquant les nouvelles normes de comptabilité nationale édictées par le Système de comptes nationaux (SCN 2008) et sa déclinaison européenne, le Système européen de comptes (SEC 2010), dévoilera une nouvelle version des comptes nationaux, actualisée sur les trois dernières années. Elle reposera sur une nouvelle base qui prend en compte les modifications de tous les grands agrégats (PIB, consommation, investissement…). Conséquence de ces modifications comptables, « il en résultera une révision substantielle à la hausse du niveau du PIB, pour un impact nettement plus modeste sur les taux d'évolution ".
Selon l'Insee, l'augmentation du niveau du PIB pourrait être de 1 à 4 points de PIB, 1 point de PIB représentant 20 milliards. Conséquence, les ratios qui prennent le PIB pour dénominateur reculeront précise l'Insee, notamment ceux qui auront le déficit public, la dette publique et les prélèvements obligatoires au numérateur.

Le poids de l'immatériel revalorisé

Concrètement, à compter du 15 mai, les actifs produits, entendus comme les biens matériels ou immatériels utilisés de façon répétée et continue dans des processus de production pendant plus d'un an, verront leur périmètre élargi pour inclure, au titre de la propriété intellectuelle, un certain nombre d'actifs immatériels comme les résultats des activités de recherche et développement (R&D), les bases de données, et les biens d'équipement à usage exclusivement militaire. "On entend par là les navires, sous-marins, avions, blindés ainsi que certains missiles à fort pouvoir destructeur équipant les forces armées ", explique l'Insee. De fait, en raison de cette extension du périmètre des actifs produits, les dépenses engagées pour les acquérir - dépenses de R&D, achats de base de données ou d'équipements militaires - seront dorénavant comptabilisées en formation brute de capital fixe (FBCF), c'est-à-dire en investissement, et non plus en consommation intermédiaire. Le PIB est relevé d'autant.
Jusqu'à présent, la consommation intermédiaire, c'est-à-dire la valeur des biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production, n'était pas prise en compte dans le calcul la valeur ajoutée et le PIB. " L'augmentation de la valeur ajoutée concerne aussi bien les administrations publiques, pour les achats de systèmes d'armes ou le financement de la R&D non marchande, que les sociétés non financières, pour la R&D marchande et les bases de données ", détaille l'Institut.

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