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mercredi 23 avril 2014

Éloge des « emmerdeurs »

Éloge des « emmerdeurs »


En cette trêve pascale, la libération des journalistes français détenus en Syrie aura opportunément sursaturé l'espace médiatique pour François Hollande. Une aubaine pour le chef de l'État qui a ainsi échappé au chemin de croix médiatique qui lui était promis avec les retombées de la démission de son conseiller Aquilino Morelle. Une occasion aussi, pour lui, d'adopter la posture avantageuse (même éphémère) de « Père de la nation » rassemblée. Parce que, comme son prédécesseur qui fut tellement décrié pour cela, François Hollande n'a pas échappé à l'irrésistible tentation de « récupérer » les otages.
À chaque fois, c'est la même médiatisation frénétique autour de ces retrouvailles à chaud où les trop ostentatoires effusions des « ravisseurs » politiques le disputent aux émotions vraies des familles. À ce voyeurisme de l'instant, on préférerait plus de décence séparant la manifestation publique de l'intimité du domaine privé. Peut-être en organisant, avec un peu de recul, une réception des ex-otages à l'Élysée. D'autant qu'il entre une part d'hypocrisie dans cette mise en scène où l'on enfouit la vérité sous le vernis de l'émotion et du grand consensus national.
Le bon peuple, invité par François Hollande à partager un « jour de joie », a été prié de ne pas poser de questions sur une éventuelle rançon. Dire cela ne revient pas à méconnaître les réels mérites des services de l'État mais, tout bonnement, à ne pas céder aux illusions de la thèse officielle. C'est précisément ce devoir de vérité et de témoignage qui animait nos confrères libérés.
Alors, réjouissons-nous de l'hommage qui leur a été rendu par François Hollande : « La France est fière d'avoir des compatriotes de cette valeur ». On est loin des polémiques sur les prises de risques inconsidérées des reporters. On est encore plus loin des insultes d'Arnaud Montebourg qualifiant les journalistes « d'emmerdeurs publics », vendredi à Clermont-Ferrand, après l'affaire Aquilino Morelle. Dans une République qui a tant de mal à se rendre exemplaire, le devoir d'information s'impose. On appréciera que soit venu d'en haut cet éloge des « emmerdeurs ».

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