dimanche 2 mars 2014
François Hollande se cherche un nouveau costume
Après l’échec confus du changement de discours économique, le Président s’avance désormais dans le domaine symbolique.
Une nouvelle opération de reconquête de l’opinion est lancée par l’Élysée. Après l’échec confus du changement de discours économique, le Président s’avance désormais dans le domaine symbolique.
Par définition, le symbole ne se mesure pas à ses résultats. La gauche est tellement inepte sur le plan économique qu’elle ne peut plus exister que sur la question des valeurs et dans les débats de société. Il est vrai que là, elle bénéficie d’une foule de gens qui se croient journalistes et diffusent en permanence des préjugés enrobés dans une épaisse gangue d’ignorance. Le Président au Salon de l’agriculture, le Président au mont Valérien, la Terre qui ne ment pas et les morts qu’on honore, voilà qui vous rhabille un chef de l’État. Porte de Versailles, M. Hollande a fait semblant d’écouter, le ton faussement intéressé et l’appétit manifestement aiguisé. Le pacte de responsabilité, comme le poumon chez Molière, ça explique tout, ça résout toutes les maladies, même les problèmes agricoles.
Au mont Valérien, c’était plus facile. On pouvait faire vibrer la corde mémorielle. Le Président l’avait dit : l’année 2014 sera consacrée à la commémoration. La posture est triplement avantageuse. Contrairement aux promesses, les souvenirs sont rarement démentis par le futur. Le respect dû à la souffrance, aux martyrs et aux héros fait taire la critique et suscite la communion unanime. De manière subliminale, on peut y glisser quelques touches politiques, de subtiles nuances partisanes. Non seulement elles ne seront pas dénoncées par peur d’être celui qui gâche la cérémonie et doit baisser la tête pour fuir les regards courroucés de l’assistance, mais encore elles introduiront en douce des images mentales, des réflexes idéologiques qui forgeront les esprits et expliquent la conscience collective d’un peuple.
Sur ce plan, Hollande est meilleur que Sarkozy. Ce dernier, dont la culture n’est pas la plus grande qualité, avait bien saisi l’intérêt tactique de la Mémoire. Mais il en avait fait trop, comme à son habitude, en faisant de Guy Môquet, martyr certes, mais militant communiste plus que résistant, le symbole de l’engagement de la jeunesse contre l’occupant nazi. La tentative de récupération qui accompagnait la consternante ouverture à gauche a échoué, mais elle a participé à l’hémiplégie mémorielle de notre pays, qui fait naître son histoire en 1789, et ne prend en considération que les grandes heures de la République gravées quasi exclusivement par des hommes de gauche. Rien, en revanche, ne déroge chez Hollande à la volonté d’instiller subtilement de l’histoire idéologique dans cette année mémorielle. À commencer par la parité.
Le Panthéon est un instrument de lecture idéologique de notre histoire. Non seulement il a connu des entrées et des sorties selon l’air du temps, comme le chassé-croisé entre Mirabeau et Marat mais, encore, il opère une sélection qui ampute notre histoire et notre culture. Sous l’Église transformée en temple mémoriel qui parle de la France, la crypte évoque non pas la France, mais des régimes politiques : le Premier Empire, surreprésenté, et la République prise assez souvent dans le sens restrictif et partisan que la gauche donne à ce mot. On ne doit pas contester la présence de ceux qui y sont, comme Jean Moulin ou André Malraux, mais regretter qu’ils ne soient pas rejoints par d’autres, comme si la France se recroquevillait sur une partie de son passé, sur un passé de parti.
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