Pour Andy Kuchins, directeur du Programme Russie/Eurasie au CSIS (Centre desétudes stratégiques internationales), "le problème est que M. Poutine peut agir beaucoup plus rapidement pour atteindre ses objectifs que Washington ou l'Europe. Et le problème pour nous est que nous ne savons pas jusqu'où il veut aller L'objectif auquel nous devrions penser très rapidement est d'empêcher un scénario similaire dans d'autres régions".
Pour Guillaume Lagane, interrogé par Atlantico, "la perte de l’Ukraine est un échec géopolitique majeur qui peut profondément heurter le pouvoir russe, c’est pour cela que l’on peut craindre sa réaction". Le président russe a en effet lutté contre les révolutions de couleur dans la région pour éviter un rapprochement des ex-pays du bloc soviétique avec l’Europe. Avec Ianoukovitch au pouvoir en Ukraine, il se profilait une entrée de l’Ukraine dans l’alliance eurasiatique voulue par Poutine, une zone commerciale regroupant des anciens pays de l’Union soviétique, dont le Kazakhstan et la Biélorussie ont accepté de faire partie.
En 2008, la Russie avait mené – déjà pendant la période des jeux olympiques – une guerre éclair de cinq jours sur la Georgie. Elle s’était soldée par la mise en place de deux Etats-fantoches pro-russes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, quadrillés par des milliers de soldats russes. Un tel scénario est-il envisageable aujourd’hui ?
"Encourager le sécessionnisme de l’est et du sud permettrait de briser l’Ukraine et de créer un nouveau conflit gelé, ce que les Russes ont déjà fait en Moldavie (avec la Transnistrie) ou en Géorgie", explique Guillaume Lagane. L’intérêt de ces conflits gelés : "ils affaiblissent les Etats de la zone d’intérêt privilégiée de Moscou et les empêche de se rapprocher de l’Union européenne". L’Union oblige en effet les candidats à l’adhésion à régler les problèmes susceptibles de dégénérer en conflits….
Vendredi, des sources diplomatiques européennes se voulaient néanmoins rassurantes, en estimant que Vladimir Poutine n'avait pas intérêt à trop faire monter la tension à trois mois du prochain sommet du G8 qu'il doit accueillir à Sotchi. "La tentation naturelle (des Occidentaux) est de donner le bénéfice du doute à Poutine. Personne n'a intérêt à voir la situation se dégrader dans la région", expliquait à nouveau François Heisbourg à l’AFP samedi.
Vladimir Poutine pourrait d’ailleurs n’être en train que de jouer avec les nerfs des occidentaux… Peu après le vote du Sénat, le Kremlin a annoncé que le président russe n'avait pris "aucune décision" et que l'armée pourrait ne pas intervenir immédiatement…
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