mardi 3 septembre 2013
Plus vieil… aliéné
Une fois de plus, le brave soldat Ayrault est monté au front. C'est lui qui, hier à Matignon, a reçu l'avant-garde des parlementaires pour leur fournir les preuves des crimes contre l'humanité de Bachar al-Assad. C'est lui qui, à la sortie de la réunion (plus longue que prévu) a prononcé un bref discours destiné à l'opinion. Jusqu'à nouvel ordre, c'est lui qui évitera au chef de l'État d'avancer en terrain totalement découvert depuis la désertion britannique et l'inattendu repli américain. Changement de stratégie, donc, qui a conduit François Hollande, cruellement isolé, à troquer son prestigieux habit de chef de guerre contre une tenue de camouflage.
Les envolées martiales de ces derniers jours ont fait place à des discours de persuasion. Désormais, il faut convaincre une bonne partie de la classe politique et des Français de la nécessité de punir Bachar al-Assad, preuves à l'appui. Soucieux de transparence, le gouvernement a « déclassifié » des notes de nos services secrets. Sauf que le vrai problème n'est pas là. Il n'y a pas grand monde aujourd'hui pour douter de la culpabilité du tyran de Bagdad.
Mais à quoi bon accumuler les preuves si c'est pour partir à l'aventure ? Or, hier soir, Jean-Marc Ayrault a levé une énorme ambiguïté en affirmant qu'il n'était pas question pour la France d'agir seule. Devant l'inélégante dérobade d'Obama, et dans l'attente du vote du Congrès américain, le général Hollande se trouve désarmé. D'où le retour à la case diplomatique pour travailler à réunir une coalition internationale.
L'imminence des frappes va devoir faire place à la patience en guettant les conclusions des experts de l'Onu (à qui l'on peut accessoirement envoyer « nos » preuves) et le soutien des élus à Obama. Dans ces conditions, le débat franco-français autour du vote, réclamé par certains demain à l'Assemblée, prend un caractère très subsidiaire. Pour agir en Syrie, le seul vote qui comptera sera celui du Congrès américain. L'espace d'une brève idylle, nous nous sommes fièrement vus en « plus vieil allié des États-Unis ». Nous sommes plutôt redevenus son plus vieil… aliéné !
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