Comment les reconstituer ? Il faut avant tout partir du rythme, qui alterne syllabes longues et courtes. Puis les instruments : ils ont été décrits dans différents textes, parfois représentés, et leur aspect permet d’en déduire la tonalité et le timbre. Mais depuis peu, explique Armand d’Agour à la BBC, toute une série de nouvelles découvertes ont été faites grâce à des documents remontant à 450 ans avant JC: toute une mine de lettres de l’alphabet grec, comportant des symboles placés au-dessus des voyelles. Les Grecs avaient notamment établi les proportions mathématiques des intervalles musicaux : 2:1 pour une octave, 3:2 pour une quinte, 4:3 pour une quarte et ainsi de suite. De plus, grâce aux lettres, on peut remonter jusqu’au ton : la lettre A, par exemple, représente une note musicale un cinquième plus haut que le N, qui se trouve au milieu de l’alphabet.
dimanche 10 novembre 2013
La plus vieille chanson du monde
Lorsque l’on admire une sculpture de la Grèce antique, on oublie souvent l’aspect qu’elle avait réellement, à l’époque: richement colorée, et non pas pâle et immaculée comme on la voit aujourd’hui dans un musée. Nous en déduisons une image beaucoup plus abstraite que celle qu’elle avait réellement. Le même discours peut être appliqué à la production poétique et littéraire de la Grèce antique, dont nous admirons les textes. Parce qu’en réalité, il nous manque quelque chose d’essentiel: leur musique.
La BBC a récemment interviewé Armand d’Angour, professeur à l’Université d’Oxford, archéologue de la musique, et qui s’est récemment embarqué dans un drôle de projet financé par la British Academy: ressusciter la musique de la Grèce antique. "Imaginez que dans 2500 ans, il ne reste plus des chansons des Beatles que quelques textes. Idem pour les œuvres de Mozart et Verdi. Imaginez comme ce serait excitant d’en reconstruire la musique, de retrouver leurs instruments et de réécouter ces paroles dans leur état original", explique Armand d’Angor. On oublie souvent, ajoute le professeur, que les poèmes épiques d'Homère, les poésies d’amour saphiques, tout comme les tragédies de Sophocle et Euripide ont été conçues en musique, composées pour être chantées et accompagnées d’une lyre, d’un genre de cornemuse et d’instruments à percussion.
Proche de la musique populaire indienne
“Tant que tu vis, brille !
Ne t'afflige absolument de rien !
La vie ne dure guère.
Le temps exige son tribut.”Comment les reconstituer ? Il faut avant tout partir du rythme, qui alterne syllabes longues et courtes. Puis les instruments : ils ont été décrits dans différents textes, parfois représentés, et leur aspect permet d’en déduire la tonalité et le timbre. Mais depuis peu, explique Armand d’Agour à la BBC, toute une série de nouvelles découvertes ont été faites grâce à des documents remontant à 450 ans avant JC: toute une mine de lettres de l’alphabet grec, comportant des symboles placés au-dessus des voyelles. Les Grecs avaient notamment établi les proportions mathématiques des intervalles musicaux : 2:1 pour une octave, 3:2 pour une quinte, 4:3 pour une quarte et ainsi de suite. De plus, grâce aux lettres, on peut remonter jusqu’au ton : la lettre A, par exemple, représente une note musicale un cinquième plus haut que le N, qui se trouve au milieu de l’alphabet.
Quant à l’effet final, il se rapproche plus de la musique populaire indienne et moyenne-orientale que de celle occidentale. Le cas sur lequel s’appuie Armand d’Angour est celui de l’épitaphe de Seikilos. Retrouvé près d’Ephèse, en Turquie, en 1883, il se trouve aujourd’hui au Musée national du Danemark, à Copenhague. C’est la plus ancienne composition musicale complète jamais trouvée, une chanson grecque qui remonte aux environs du premier siècle avant notre ère. Ce qui le rend unique c’est qu’il représente une partition dans son entier.
En effet, il existe des partitions plus anciennes – certaines retrouvées sur des tablettes cunéiformes remontent au XVIIIe siècle avant JC – mais ce ne sont que des fragments. Le brève épitaphe, lui, nous offre paroles et musique dans leur intégralité. Il fut retrouvé sur une tombe dans la province turque de Aydin, au côté de la phrase suivante : "La pierre que je suis est une image, Seikilos me place ici, signe immortel d’un souvenir éternel." Et sur la pierre, non pas une image, mais le texte de la chanson, et sa mélodie.
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