TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 10 novembre 2013

La voie fatale

La voie fatale


Ce sont aussi nos silences les coupables de ce mal qui nous ronge à nouveau. Comme si les racines du pétainisme étaient tellement profondes que nous ne parvenons pas à les extirper de nos gènes maltraités par l'histoire. Nous ne supportons plus les différences de couleur, de langue, de culture, les différences politiques, physiques, les différences tout court. L'altérité nous écorche la couenne comme une gale infectée, le visible nous dérange. C'est comme ça, nous sommes un pays de xénophobes qui se cachent derrière la Révolution. C'est pourtant la vie, la différence. Mais sans doute faut-il de l'intelligence pour dépasser le racisme ordinaire. Les récents dérapages qui ont mis à mal le mythe surfait de la terre d'asile et des droits de l'homme font la preuve que nous en manquons singulièrement.
Ne nous croisons pas les bras, ne laissons pas notre vigilance se ramollir, ne soyons pas spectateurs de l'avenir de notre jeunesse. Les mots proférés contre la ministre, contre les otages, contre les homosexuels, contre les Roms, contre l'autre, sont autant de crachats à la figure de ceux qui ont lutté et qui savent que la naïveté n'est pas la réponse appropriée face au danger de l'extrême droite qui avance déguisée en sondages.
Comme il est le bienvenu ce prix Femina à la Camerounaise Léonora Miano pour La saison de l'ombre. Il coule comme miel sur nos amertumes, bienfaisant contrepoids aux ignominies de ces derniers jours. Son titre nous remet en mémoire les Chants d'ombre de Senghor, le Sénégalais poète et tirailleur, fait prisonnier armes à la main alors qu'il défendait le pont de la Charité-sur-Loire. Un Femina qui, pour un temps, fait barrière à l'insupportable et permet de croire que les groupuscules racistes se trompent de colère et ne sont qu'une minorité vociférante. La confrontation entre la réalité et cet humanisme désuet qui confond intégration et aliénation tournera au désavantage des gens de la vraie vie et ouvrira la voie à Mme Le Pen.
Camus est dans l'actualité quand il met en garde contre la banalisation et prévient que « mal nommer les choses, c'est contribuer au malheur du monde ». Il faut appeler un chat un chat et l'extrême droite un mouvement raciste et violent.

0 commentaires: