TOUT EST DIT

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vendredi 29 novembre 2013

Jospin, mauvais génie de Hollande


La France porte le terrible fardeau des années Jospin, quand la croissance était au rendez-vous.


Quatre pour cent de croissance annuelle, un baril de pétrole dix fois moins cher qu'aujourd'hui, un euro deux fois moins fort face au dollar, un excédent commercial de la France avec l'Allemagne : si François Hollande fait des rêves économiques, ils doivent ressembler à celui-là. Une telle conjoncture semble hors de portée à la France de 2013. L'alignement des planètes nous a-t-il jamais été aussi favorable, depuis l'homme de Neandertal ? "Que ne ferions-nous si les vents nous étaient aussi cléments !" marmonne le président en se réveillant, retrouvant la réalité et une France corsetée par la croissance zéro. Réduire les déficits, comprimer la dépense publique, rétablir la compétitivité, tout cela se ferait sans difficulté. Exactement comme la Suède et le Canada, exemples maintes fois cités, l'ont fait.
La France a pourtant connu cette conjoncture il y a moins de quinze ans. De 1998 à 2000, le pays bénéficie d'une série de facteurs incroyablement favorables. L'euro touche son point bas, en octobre 2000, à 82 centimes d'euro pour 1 dollar. L'or noir atteint lui aussi son nadir à 10 dollars le baril, contre 100 aujourd'hui. L'Allemagne est engourdie comme un boa qui a avalé un mouton, elle digère péniblement la réunification, elle a perdu sa compétitivité et les "Ossies", habitants des nouveaux Länder, nous achètent massivement des Renault... Le monde entier est porté par les promesses de la "nouvelle économie", la presse titre sur la croissance perpétuelle et la fin du chômage... En 2000, la croissance du PIB atteindra 3,9 % en France, comme dans la plupart des pays développés.
C'est la gauche qui est au pouvoir, à la suite d'une des décisions politiques les plus saugrenues depuis Neandertal, la dissolution de l'Assemblée nationale. Le gouvernement dirigé par Lionel Jospin profite d'une situation comme il n'y en a pas deux par siècle. Et il n'en fait rien. Pis, il dégrade tous les fondamentaux du pays. Au point que la plupart de nos difficultés actuelles ont leur origine à cette période : si la France de Hollande n'a plus de marges de manoeuvre, c'est parce que celle de Jospin les a gaspillées, quinze ans auparavant. Exactement comme les héros du conte des "Trois souhaits", qui dilapident les voeux que leur offre une fée charitable.
Malgré la fée croissance, la dette française ne baisse pas entre 1997, où elle compte pour 59,4 % du PIB, et 2002, à 59 %. Sur la même période, la zone euro réduit la sienne en moyenne de 6 points de PIB. Hors zone euro, c'est encore plus spectaculaire : le Royaume-Uni perd 12 points de dette, la Suède, 20. L'écart entre la France de Jospin et ses voisins est tout aussi saisissant en matière de déficit. En 1997, nous sommes dans la moyenne des déficits de la zone euro. En 2000, au plus haut du cycle, notre solde budgétaire est encore négatif de 1,5 % du PIB, tandis que nos voisins sont à l'équilibre en moyenne, comme les pays de l'OCDE. Ce déficit persistant est d'autant plus étonnant que les impôts atteignent alors presque 45 % du PIB. Un record que l'on doit au ministre des Finances de l'époque, Dominique Strauss-Kahn. Et qui ne sera battu que par Pierre Moscovici, cette année.
Une seule explication à ce tableau atterrant : l'équipe Jospin a dépensé sans cesse et à tout propos. La dépense publique est passée de 53 % de la richesse nationale en 1997 à... 53 % en 2002. Aucun changement, alors que le PIB a progressé de 15 % sur cinq ans ! Sur la même période, la Suède réduit sa dépense de 5 points de PIB. Et l'on n'a jamais vu un gouvernement dépenser autant avec aussi peu de résultats pour le pays. L'ouverture des vannes n'a même pas permis à Jospin d'atteindre le second tour de l'élection présidentielle, en avril 2002.
Les dizaines de milliards sont utilisés d'abord à augmenter considérablement la fonction publique. Elle voit ses effectifs progresser de 8,5 % sur la législature. Un bond sans égal. À créer ensuite des emplois aidés par centaines de milliers, sous la direction de la ministre de l'Emploi, Martine Aubry. Et à financer les 35 heures avec des allégements de charges, enfin.
Autant d'actions qui hypothéqueront le futur jusqu'à aujourd'hui : les budgets postérieurs sont contraints par l'embauche de fonctionnaires surnuméraires, les emplois jeunes sont financés par des prélèvements qui étouffent l'économie réelle, et le "choc de compétitivité" à l'envers que provoquent les 35 heures plombe l'économie nationale pour des années. Le tout se faisant sous le paravent de l'union monétaire naissante, qui confère l'impunité aux mauvaises politiques dans toute l'Europe du Sud, car elle fait diminuer les taux d'intérêt. L'Espagne utilise cette caution allemande pour souffler l'une des plus grosses bulles immobilières de tous les temps, la Grèce pour avancer l'âge de la retraite et la France pour diminuer le temps de travail hebdomadaire. Dix ans plus tard, ces politiques inconséquentes déboucheront sur la crise de l'euro et sur l'anémie persistante de l'Europe du Sud, France comprise.
Si Hollande fait des cauchemars économiques, ils doivent ressembler au gouvernement de Jospin et de ses lieutenants.

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