vendredi 1 novembre 2013
De l'air ! De l'air !
De l'air ! De l'air !
Il faut se méfier des bonnes intentions. La preuve, le gouvernement n'en manquait pas et, pourtant, rien ne va plus. En décidant de réduire les déficits par des hausses d'impôts plutôt que par la réduction des dépenses excessives de notre poussah étatique, il a creusé lui-même le piège où il est tombé, dans un climat de jacquerie fiscale.
Souvent, quand sonne l'heure de la retraite, on ne recule devant rien, pas même le ridicule. C'est apparemment le cas de ce gouvernement. Au trente-sixième dessous, il ne peut que se raccrocher à des formules de notre grand philosophe - et humoriste - national, comme celle-ci : "Rien n'est jamais perdu tant qu'il reste quelque chose à trouver" (Pierre Dac).
Comment ridiculiser à tout jamais l'angélisme de gauche ? On dirait que c'est la tâche à laquelle s'est attelé le gouvernement. Avec courage et détermination. Pas un matin où il ne lance, avant de la remballer, une nouvelle réforme plus ou moins foireuse ou même judicieuse, cela arrive. Résultat : les Français ont de plus en plus le sentiment d'habiter un bateau ivre sur une mer démontée.
Quand c'est tous les jours tempête et que les éléments se déchaînent, les communications ne fonctionnent plus. Ni à l'intérieur du navire national ni avec l'extérieur. Sinon, ça se saurait et le gouvernement aurait déjà tiré les leçons des succès économiques allemand, suédois, canadien ou, depuis peu, de la résurrection de la Grande-Bretagne, qui, après une drastique cure d'austérité, est en train de renouer, non sans insolence, avec la croissance.
Pardonnez de donner en exemple le modèle britannique, qualifié par nos chers médias d'"ultralibéral", ce qui, en France, vaut condamnation et relèvera bientôt judiciairement, au train où vont les choses, d'incitation à la haine. Que la Grande-Bretagne, qui vit sa vie en dehors de la zone euro, ait pu profiter aussi d'une politique monétaire plus souple que celle de la BCE, cela donnera au moins un os à ronger aux cagots du souverainisme et du protectionnisme, maladies séniles des peuples fatigués.
L'affaire de l'écotaxe est un symptôme. Celui d'un pouvoir qui, sous l'influence d'économistes socialistes comme Thomas Piketty, comique d'escalier, prétendait relancer la croissance en faisant suer le burnous. Son credo : plus vous accablez la machine d'impôts, plus vite elle repartira. On a vu le résultat.
Le principe de l'écotaxe date de 2009, quand, dans la foulée du Grenelle de l'environnement, le gouvernement Fillon décida d'instaurer une taxe pour les poids lourds. Une des rares décisions du pouvoir précédent reprise à son compte par M. Ayrault : c'est normal, c'est un impôt et, on l'a compris, les socialistes en raffolent.
Pour que les bornes soient franchies, l'écotaxe était venue s'ajouter à la mitraille des nouveaux impôts qui, ces temps-ci, tombaient sur la France comme à la bataille de Gravelotte. Une taxe qui, en moyenne, aurait coûté aux poids lourds 13 centimes par kilomètre parcouru, renchérissant de 4 % le prix du produit. Par les temps qui courent, même si elle réjouissait les petites gouapes de l'écologie politicienne, c'était évidemment une grosse bêtise que d'envoyer une nouvelle grenade fiscale en direction des entreprises. Elles n'avaient pas besoin de ça. M. Ayrault a bien fait de suspendre la mise en oeuvre de cette énième taxe.
Les limites de l'impéritie ont été dépassées quand, cherchant à gratter partout, le gouvernement a décidé de prendre des mesures fiscales rétroactives sur les PEA, les PEL et l'épargne salariale, avant de rétropédaler. Pour semer le trouble chez les épargnants, il n'y avait pas mieux. C'est en changeant sans cesse les règles qu'on déstabilisera pour longtemps les acteurs économiques. Pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il y a eu une modification fiscale par jour. François Hollande est sur la même pente. Hollande-Sarkozy, même combat. Au moins dans ce domaine.
Pour ne rien arranger, Mme Duflot, experte dans l'art de se tirer dans les pieds, est en train de nous préparer, avec son cynisme enfantin, une pénurie de logements dans les années à venir. Il n'était pas besoin d'attendre l'étude du Conseil d'analyse économique, commandée par M. Ayrault, pour prévoir que la courtelinesque loi de la ministre du Logement aurait des résultats catastrophiques. À croire qu'elle a été rédigée de conserve par les deux Marx, Karl et Groucho. Quand on encadre trop sévèrement les loyers que perçoivent les propriétaires, ceux-ci font la grève de la location, voilà tout. On en aura une nouvelle preuve si cette loi stupide n'est pas amendée.
À ce propos, si l'écologie politicienne vous déprime - et il y a de quoi -, lisez sans attendre l'excellent livre de Maud Fontenoy, Ras-le-bol des écolos (1). Voilà une écologiste entraînante et volontariste qui, après avoir instruit le procès de ces parasites gouvernementaux, célèbre le développement durable contre le fatalisme dominant.
De l'air ! De l'air ! Voilà tout ce dont on a besoin, en cette période délétère. Comme l'écrivait Pierre Dac, "ce n'est pas parce qu'en hiver on dit : "Fermez la porte, il fait froid dehors" qu'il fait moins froid dehors quand la porte est fermée".
1. Plon.
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