vendredi 1 novembre 2013
Les odieux du stade
Les odieux du stade
Sous la pelouse, le culot ! Les patrons du foot français manquent peut-être d’argent, mais sûrement pas d’impudence. Alors que les victimes des plans sociaux qui touchent la France pourraient malheureusement remplir bien des stades, tant elles sont nombreuses, ces dirigeants viennent demander une ristourne fiscale. Tout ça parce qu’ils acquittent les impôts de stars aux salaires délirants. Les salariés étrillés par le fisc aimeraient, eux aussi, voir leur patron payer des impôts à leur place. Pauvres inconscients ! Ils n’appartiennent pas au petit monde des odieux du stade.
C’est dire que ce mouvement de grève est surréaliste alors que les agriculteurs sont au bord du suicide ou que les Bretons pleurent leurs usines défuntes. Ceux qui croyaient que le football était un sport collectif se sont trompés. Pas tout à fait, puisque la caste des présidents se serre les coudes, oublieuse des injures passées.
D’année en année, le monde du ballon rond a perdu le sens des réalités. Ce n’est pas pour rien que les économistes parlent aujourd’hui d’une « bulle du football », comme on a évoqué celle de l’immobilier. Les clubs anglais et espagnols ont ouvert la marche, la France a suivi. Il est évidemment peu agréable de voir les équipes tricolores prendre des raclées face à leurs concurrents survitaminés à l’euro ou au pétrodollar. Le patriotisme se loge où il peut et il ferme les yeux quand il doit sa survie à des gens qui se moquent des trois couleurs comme de leur premier dollar.
Les dirigeants qui ont franchi la porte de l’Élysée estiment qu’une hypothétique coupe d’Europe mérite un cadeau fiscal. Ils assurent mettre du baume au cœur des Français rongés par le blues. Les Romains avaient des cirques pour ce genre de choses. On achetait le peuple avec des jeux. Le président de Lyon est quand même plus proche des organisateurs de ces spectacles que de la malheureuse Blandine, qui finit sa vie en martyre dans un stade de cette ville.
Le gazon des stades français est loin d’être maudit. Il est simplement mal entretenu, et la tondeuse de l’État pourrait avoir au moins un avantage, celui de couper quelques herbes folles.
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