TOUT EST DIT

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vendredi 1 novembre 2013

Bombinette bricolée

Bombinette bricolée


 Le char de l’État fonctionne avec une boîte de vitesse révolutionnaire : une marche avant et six marches arrière, sans oublier le point mort. Jean-Marc Ayrault, véritable as du rétropédalage, a donc annoncé, comme prévu, que l’écotaxe était repoussée aux calendes grecques sur l’ensemble du territoire. Ce repli, s’il n’a rien de glorieux, était devenu nécessaire face à une région en pleine ébullition. 


Jean-Marc Ayrault n’en a pas pour autant fini avec ce dossier. Ses faux amis Verts n’ont pas perdu de temps pour dénoncer ce recul. Noël Mamère s’interroge sur la présence des écologistes au gouvernement. Le Premier ministre aura du mal à donner un gage pour apaiser la rage de ses alliés, en passe de remplacer leur teint chlorophyllien par un cramoisi du plus bel effet. Tout cela risquant de se régler dans les urnes. 

Cette impasse était prévisible. À force de jongler entre la dure réalité économique et l’idéologie d’alliés encombrants, Jean-Marc Ayrault est piégé. Tétanisé, il est quasiment seul au milieu d’un champ de mines. Sauf qu’il a dû se sentir un peu plus seul que d’habitude hier. Le président de la République s’est carapaté dans les Carpates pour une escapade revigorante, mais dont l’importance politique est aussi importante que l’avenir de la jeune Leonarda. 

L’écotaxe n’épargne pas l’opposition. Jean-Louis Borloo, père du Grenelle de l’environnement qui accoucha en son temps de cet impôt, salue « un geste d’apaisement ». Il avoue que, puisque cette taxe « n’était pas comprise, elle ne pouvait être acceptée et donc appliquée ». En résumé, Borloo a inventé une machine infernale qui aurait pu sauter au nez de n’importe quel parti. On sent d’ailleurs comme une espèce de lâche soulagement chez les zélotes de droite de l’écotaxe. S’ils avaient gagné en 2012, ils auraient encaissé les éclats de leur bombinette bricolée. 

Cette affaire révèle surtout le profond malaise qui mine la société française, lasse d’expérimentations hasardeuses, imposées au nom de la crise ou des petits oiseaux. Faute d’attention, le citoyen risque d’être bientôt, lui aussi, une espèce en voie de disparition.

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