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jeudi 24 octobre 2013

Le télescope Planck tire sa révérence, il a photographié l'enfance de l'Univers

Le télescope spatial européen Planck a été désactivé mercredi, après avoir passé près de quatre ans et demi sur les traces de la toute première lumière émise après le Big Bang.

C'est une étonnante machine à remonter le temps qui vient de tirer sa révérence. Planck, le télescope spatial européen, a reçu son ultime commande mercredi. Les contrôleurs de mission du Centre des opérations de l'Agence spatiale européenne (ESA), implanté à Darmstadt (Allemagne), ont éteint à distance les émetteurs du satellite.
 "C'est le coeur serré que nous avons conduit les dernières opérations du satellite Planck, mais c'est également l'occasion de fêter le succès extraordinaire de cette mission", a expliqué dans un communiqué Steve Foley, responsable de la conduite des opérations du satellite au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) de l'ESA.

Comprendre l'évolution de l'Univers
Lancé en 2009, Planck était conçu pour détecter, avec une sensibilité inégalée, le fond diffus cosmologique (CMB), rayonnement fossile du Big Bang. La première carte détaillée du rayonnement CMB capté par Planck a été dévoilée en début d'année. Le prochain ensemble de données cosmologiques sera diffusé en 2014.

Les scientifiques sont en effet loin d'avoir terminé l'exploitation de toutes les précieuses données qu'il a engrangées jusqu'à ses derniers instants. "Planck nous a éclairé sur l'évolution de l'Univers comme aucune autre mission auparavant", s'est réjoui Alvaro Giménez, Directeur Science et Exploration robotique à l'ESA.


Une image de l'Univers 380.000 ans après le Big Bang
La carte du rayonnement CMB dressée par Planck est la "photographie d'enfance" la plus précise jamais réalisée de l'Univers, une image de l'Univers tel qu'il était seulement 380.000 ans après le Big Bang, lorsque sa température frisait les 3.000°C.

Cette carte "ressemble un peu à un vilain ballon de rugby ou à une œuvre d'art moderne", avait concédé en mars dernier George Efstathiou, astrophysicien à l'Université britannique de Cambridge (Royaume-Uni), qui commentait les résultats de Planck au siège de l'ESA à Paris

"C'est un pas de géant dans la compréhension des origines de l'Univers" qui serait né il y a 13,82 milliards d'années, soit 80 millions d'années plus tôt qu'on ne le pensait, s'était pour sa part félicité le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain.

"De l'infiniment petit à l'immensément grand"
"Planck nous a permis de porter un regard neuf sur la matière qui compose l'Univers et sur son évolution, mais les travaux se poursuivent afin de mieux cerner comment l'Univers est passé de l'infiniment petit à l'immensément grand", a déclaré Jan Tauber, responsable scientifique du projet Planck à l'ESA. "Nous espérons en savoir plus l'année prochaine", a-t-il dit.

Planck, lui, aura rejoint son jumeau Herschel sur une orbite de garage stable autour du Soleil, bien loin de nous. Les deux satellites avaient été lancés en même temps par une fusée Ariane, en mai 2009. Herschel, le plus grand télescope jamais envoyé dans l'espace, dont la mission était d'étudier la formation des étoiles, a été totalement désactivé le 17 juin dernier.

La relève est en principe assurée. L'ESA s'apprête ainsi à lancer Gaia, présenté par son constructeur Astrium comme "le télescope spatial le plus évolué jamais réalisé en Europe". Il va cartographier la Voie Lactée en 3D pour mieux comprendre l'origine et l'évolution de l'Univers. 

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