Tout bien considéré, il resterait encore une chance minime à la France de s’évader de la prison idéologique au fond de laquelle elle croupit depuis des lustres : connaître une véritable alternative politique et non plus l’ersatz politicien que représente une simple alternance qui, d’ailleurs, ne lui serait plus d’aucun secours en ces temps d’aggiornamento accéléré.
Les Français, décervelés par des années de démagogie, ne se pensent plus en acteurs de leur destin et en garants de l’avenir de la France, mais en vaincus d’un monde qui leur échappe, en laissés-pour-compte de la modernité, en exclus d’une histoire qui les dépasse et dont les changements seraient censés leur ouvrir un droit universel à indemnisation. — Nicolas Baverez [] :
Car si les Français devaient miraculeusement en venir, comme cela est la règle quasiment partout ailleurs, à embrasser les délices de la liberté individuelle tout en cessant d’en appeler en geignant à l’État providence en état de mort clinique, il tombe aussi sous le sens qu’ils ne se résigneront pas à sauter le pas sans disposer d’un motif suffisamment puissant pour se lancer dans une telle aventure !
De fait, si nos concitoyens en sont arrivés à ne plus vraiment distinguer le vrai du faux, c’est bien parce qu’ils sont les victimes consentantes d’une imposture solidement ancrée dans les fondamentaux de notre pays que Guy Millière [] a parfaitement détectée en expliquant par quel tour de passe-passe les rôles ont été, chez nous, renversés par la subversion gauchiste :
Aujourd’hui, l’idée que les économistes qualifiés ainsi de "libéraux" sont des idéologues, donc des dogmatiques, s’est répandue dans l’air du temps. L’idée qu’il existe effectivement une "idéologie néolibérale" s’est insérée dans les débats. L’idée que le marxisme ou le planisme sont des théories économiques susceptibles de servir de référence est largement acceptée. L’idée que "nous sommes tous keynésiens", donc des partisans de l’interventionnisme politique dans l’économie, est, dans la plupart des milieux économiques, devenue quasiment une évidence.
C’est donc toute une mentalité solidement ancrée dans les têtes et les cœurs qu’il nous est désormais fait obligation, par le moyen révolutionnaire d’un renversement intellectuel quasiment copernicien, de corriger sans délai tellement la vision particulière que les Français se sont forgés du monde contemporain est fausse au point même de prendre le risque insensé d’ôter la France de toute modernité.
Mais comment un tel bienfait du ciel pourrait-il advenir dès lors que notre horizon politique sonne tragiquement le creux ? Que personne, pas même un groupement structuré d’hommes et de femmes moralement et politiquement aptes à se substituer à l’armée mexicaine qui, aujourd’hui, nous conduit à la capitulation en rase campagne, n’émerge explicitement des entrailles de la société civile ?
Jean-Jacques Netter : "Les réformes structurelles sont la seule stratégie pour retrouver la croissance (...) Syndicats, fonctionnaires, élus, lobbies et corporatismes sont prêts à tout pour défendre leurs intérêts. Pour sauver son quinquennat, François Hollande n’a plus d’autre choix que d’accélérer les réformes (...) Décidément, on est bien loin de Tony Blair qui (...) n’avait pas hésité à reprendre à son actif des réformes mises en place par Margaret Thatcher. Il avait pour mot d’ordre "tout ce qui compte, c’est ce qui marche"."
Aussi, ne perdons pas de vue, comme s’y emploie avec zèle le pouvoir socialiste en place actuellement, qu’une société comme la nôtre a un besoin vital de liberté individuelle pour respirer, croître et s’épanouir en parfaite harmonie avec les droits naturels régissant tout être humain et que le socialisme, en bon prédateur de l’homme, réfute en bloc.
En dernière analyse, il est donc devenu urgent que les Français trouvent la force de se réconcilier avec eux-mêmes et surtout, dans un effort surhumain que seul le génie d’un grand peuple, fût-il rangé sous les lois de la servitude, est encore capable de produire, de cesser de faire du monde extérieur, dont ils redoutent tant la pseudo-tyrannie, un repoussoir...
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