Avant de partir pour de courtes vacances, le président de la République a multiplié les déplacements pour son tour de France consacré à l'emploi.
samedi 10 août 2013
Michèle Cotta : "Hollande en fait-il trop ou pas assez ?"
Seine-Saint-Denis, Dordogne, Gers, Vendée, Yvelines : François Hollande aura accompli, avant de prendre enfin quelques jours de congé, son tour de France de l'emploi. Non sans avoir suscité beaucoup de polémiques, depuis le début de l'été, sur son côté globe-trotter de l'Élysée. En fait-il assez, en fait-il trop ? Voilà que, d'une façon inattendue, on se pose aujourd'hui à propos des activités et de l'exposition médiatique du président la même question qu'il y a quelques mois à peine sur Nicolas Sarkozy : quand l'activité devient-elle de l'activisme ? Quand l'exposition aux médias devient-elle une surexposition ?
Plusieurs considérations avant de tenter de répondre à la question. La première est que, depuis plusieurs années, les Français entendent voir les ministres - sinon le Premier d'entre eux ou, cerise sur le gâteau, le chef de l'État - sur place, entièrement mobilisés, prêts à répondre sur le terrain aux questions des victimes de catastrophes climatiques ou industrielles. On se souvient du pauvre ministre de la Santé de Jacques Chirac, Jean-François Mattéi, médecin réputé et homme politique chevronné, écarté du gouvernement après la canicule de l'été 2003. Son erreur fatale ? Avoir mésestimé les effets de l'intense vague de chaleur de la fin juillet, qui a fait, rappelons-le, près de 15 000 morts en France, et d'être resté à Marseille au lieu de, comme on le dit dans le sud de la France, "remonter" à Paris. Son efficacité aurait-elle été la même, c'est-à-dire faible, s'il s'était installé derrière son bureau ministériel pour conduire les opérations ? Pas sûr, mais les Français, et la presse, lui reprochèrent néanmoins vivement son absence sur le terrain.
On n'oublie pas non plus Dominique Voynet, ministre de l'Écologie de Lionel Jospin, restée en vacances elle aussi en 2000, au moment où le naufrage de l'Erika souillait les plages et désespérait les pêcheurs bretons. Le phénomène n'est d'ailleurs pas seulement français. On sait ce qu'il en a coûté au président des États-Unis, George Bush, de trop tarder, Dieu sait pourquoi, à se rendre en Louisiane, alors qu'une colossale vague d'eau venait tout juste de recouvrir La Nouvelle-Orléans, pour apporter son réconfort à la foule des victimes sans vivres et sans abri. En courant la France, le président de la République ne s'est certes pas déplacé, cette fois, au gré des inondations et autres catastrophes naturelles, mais après tout, en prenant comme thème la lutte contre le chômage, mettons qu'il ait voulu démontrer aux Français que le chômage était, dans la France actuelle, le pire des sinistres économiques.
Seconde considération : si certains l'ont oublié, ce n'est pas le cas de François Hollande. L'année dernière, tout juste élu, le locataire de l'Élysée, qui voulait être un homme normal, a pris plus de quinze jours de vacances après avoir fait annuler par le Parlement le bouclier fiscal et lancé la conférence sociale de juillet. Son intention était de montrer que, selon la Constitution, c'était au Premier ministre, et pas à lui, de "conduire la politique de la nation". Seulement voilà : la Constitution n'y est pour rien, mais la "normalité" du chef de l'État n'y est pas inscrite : les Français attendent aujourd'hui du président non pas seulement une présence constante, mais aussi qu'il gouverne. C'est de l'été 2012 que date sa première chute dans les sondages à peine élu. Peut-être l'état de grâce n'aurait- il pas duré davantage s'il était resté à l'Élysée ou même à la Lanterne : en tout cas, conscient de ce que sa villégiature à Brégançon lui avait coûté, il n'avait aucune envie de recommencer cette année
Qu'il en fasse trop, c'est une certitude, mais pas pour le pays qu'il est censé représenté. Président d'une poignée de français pas très courageux ni entreprenants, jaloux et revanchards il visite les lieux où il ne risque pas trop de se faire virer. Malheureusement pour lui, il y en a de moins en moins et sa visite n'est annoncer que quelques heures à l'avance. Les français ne sont pas dupe et pour lui cela risque d'être de plus en plus difficile de se déplacer.
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