samedi 27 juillet 2013
L’éthique et les idées
L’éthique et les idées
Chers amis,
Je rentre tout juste d’une semaine sportive dans le beau département de l’Aveyron sous la canicule, dont j’ai gravi les collines à vélo et parcouru les lacs et les rivières en canoë. Je n’avais emporté qu’un ouvrage avec moi,le paradoxe français de Simon Epstein, historien vivant à Jérusalem, dont j’avais rédigé ici même une brève synthèsehttp://maximetandonnet.wordpress.com/2010/12/31/le-paradoxe-francais-simon-epstein/. Ce monument – 600 pages d’une rare densité – nous raconte comment, dans les années 1930, toute une génération d’intellectuels et militants, ou une bonne partie d’entre elle, profondément humaniste et antiraciste, professant les valeurs dites « de gauche », s’est laissée envouter par les sirènes du pacifisme avant de sombrer, sous l’occupation, dans la collaboration active ou passive avec l’Allemagne national-socialiste. Les belles pensées les plus généreuses et les plus ouvertes peuvent conduire au meilleur comme au pire. Elles ne préjugent en rien des profondeurs d’un individu. Un homme doit se juger sur sa morale, son éthique personnelle, et son comportement plutôt que sur ses idées. Ces dernières varient selon les époques et les circonstances. Je ne porterai jamais une appréciation définitive sur une personne en fonction des thèses qu’elle exprime, susceptibles de changer dans le temps. D’ailleurs, « L’affirmation et l’opiniâtreté sont signes express de bêtises » nous dit Montaigne (Essai, tome III, chapitre 13). En revanche, il est des attitudes, des traits de personnalité, des façons d’être et d’agir qui, par leur caractère répétitif ou systématique, ne trompent pas. Le goût du lynchage public et de la délation, par exemple, le carriérisme effréné, le cynisme ou l’absence de scrupule dans la manière de traiter autrui, la flagornerie et l’obséquiosité tournées vers la réussite personnelle, la tendance à la compromission et au retournement de veste, au dénigrement sournois, constituent autant d’indices de la propension d’un homme ou d’une femme à verser, si les circonstances s’y prêtent, dans l’infamie, le déshonneur et la barbarie. Chers amis, ces quelques réflexions, rapportées des paysages de l’Aveyron, sont comme d’habitude sans la moindre prétention, sinon peut-être de susciter un échange convivial.
Bien à vous
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