vendredi 24 mai 2013
UMP : les risques de la division
À l'UMP, il y a ceux - peu nombreux - qui ont voté le mariage pour tous ou qui se sont abstenus. Ceux qui l'ont combattu, mais estiment que la place d'un parlementaire n'est pas d'être dans la rue. Ceux qui se méfient de la récupération du mouvement à des fins inavouées et ceux qui seront dans la rue, dimanche.
Il y a les maires qui refusent de marier des homosexuels et ceux qui, à contrecoeur, appliqueront la loi de la République. Ceux qui promettent de défaire le texte s'ils reviennent au pouvoir et ceux qui savent qu'on ne démariera jamais les couples gays. Ceux qui considèrent qu'il faut passer à autre chose et ceux qui prétendent entrer en résistance, au mépris des institutions.
Au sein de la droite en général, et de l'UMP en particulier, le mariage pour tous, que l'on pensait fédérateur, provoque la désunion, par exemple à Paris : les anti-mariage sont prêts à tout, y compris à faire perdre la seule, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui offre à la droite une chance de gagner la mairie.
Nombre de cadres de l'UMP, conscients que la machine à perdre repart, tirent la sonnette d'alarme et refusent de rêver de vague bleue sous prétexte que la majorité s'effondre dans les sondages. Car cette affaire de mariage n'est qu'une illustration, parmi d'autres, de ce qui fâche et coince dans la famille.
Si la cohérence de la majorité n'est pas toujours lisible, la ligne de l'opposition, elle, est invisible. Que ce soit sur l'Europe, sur les moyens de la croissance, sur la transformation du modèle social ou sur la décentralisation, à dix mois des municipales, personne au-delà de l'incantation, n'est clair.
Un danger pour tous
Même le principe de la primaire en 2016, dont l'encre est à peine sèche, est déjà oublié par certains de ceux qui l'ont voté, considérant que Nicolas Sarkozy ne devrait pas s'abaisser au rang d'un candidat ordinaire !
Les causes ? Au moins trois : l'échec du départage entre François Fillon et Jean-François Copé prive l'UMP d'une autorité reconnue par tous les militants. Il faudrait à tout le moins qu'ils entérinent le statu quo pour déminer la contestation.
Ensuite, depuis un an plane l'ombre d'un retour de Nicolas Sarkozy, très tributaire du calendrier judiciaire, qui empêche toute analyse sereine de l'échec de 2012 et toute reconstruction d'un projet.
Enfin, à trop penser à 2017, on se soucie davantage de ne mécontenter personne ou de se positionner en fonction du Front national qu'à prendre les problèmes des Français à bras-le-corps.
Pourquoi s'en inquiéter ? Pourquoi ne pas se contenter de dire tant mieux pour le pouvoir et tant pis pour l'opposition ? Parce que les deux risquent gros. Dimanche, à en croire les dispositions matérielles, il y aura foule à Paris. Mais pour réclamer des choses différentes, souvent contradictoires, parfois impossibles, au-delà du refus désormais vain du mariage gay.
Sauf s'il s'agissait d'un baroud d'honneur, le pouvoir ne pourrait pas ignorer l'expression, sous prétexte de mariage, d'un divorce massif de l'opinion. L'opposition ne pourrait pas davantage se contenter de postures démagogiques. Car ce serait prendre le risque qu'une contestation désordonnée et passionnelle s'exprime ailleurs, sous des formes incontrôlables.
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