vendredi 24 mai 2013
Ressources humaines
Le rapport de la Cour des comptes tombe à pic pour Vincent Peillon. Même s’il a dû se racler la gorge en lisant que 60 000 profs en plus ou en moins, finalement, ça ne changeait rien à la donne alors que l’on sait pertinemment que la diminution du nombre d’enseignants pèse mécaniquement sur la qualité de l’apprentissage, il n’aurait pu rêver meilleur prospectus promotionnel. En dehors de cette ligne qui va compter à l’heure des arbitrages budgétaires, tout est parfait. À commencer par le timing.
Six mois après avoir été confronté à l’inévitable fronde des enseignants et syndicats qui suit immanquablement toute tentative de réforme, il n’a ainsi pas eu à pousser très loin l’exégèse pour trouver, au fil des pages, le réconfort dont il avait besoin en ces temps hostiles.
Avec ce rapport, il possède désormais un instrument de poids, moral et chiffré, à opposer aux blocages corporatistes qui fonctionnent comme autant de verrous autour d’une chambre forte.
Car les sages n’ont pas fait que réaffirmer des vérités certes connues mais qui restent toutefois largement taboues et méritent donc d’autant plus d’être dites. Leur démonstration en creux valide quasiment point par point le projet de “refondation” scolaire du ministre déployé à la rentrée dernière.
Elle relève notamment que si la France pointe au 18e rang (sur 34 pays membres de l’OCDE) pour la performance de ses élèves, ce n’est pas parce que les profs sont nuls, toujours en grève ou en vacances mais tout simplement parce que le système scolaire lui-même n’est pas correctement « configuré » à la base. Qu’il reproduit depuis trente ans les mêmes erreurs structurelles en n’exploitant pas idéalement les formidables richesses humaines dont il dispose et qu’il ne correspond ni aux attentes, ni aux besoins des enseignants et des élèves. En clair qu’il est inadapté, l’État et son ministère de l’Éducation nationale se comportant comme un DRH has been incapable d’optimiser les ressources humaines de son entreprise.
Ce constat conforte de facto les desseins du ministre qui a prévu, à l’automne, d’entamer une grande discussion sur les métiers de l’enseignement. Et justement de remettre la formation des professeurs et l’humain au centre du dispositif. La vie est décidément bien faite…
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