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dimanche 3 mars 2013

Sciences Po : Frédéric Mion dans l'arène

Le secrétaire général de Canal+ a été choisi vendredi pour prendre la succession du flamboyant Richard Descoings à la tête de l'IEP Paris. Portrait.

Personne ne l'avait vu venir, mais tout le monde l'attend au tournant. Frédéric Mion, 43 ans, a été officiellement désigné le 1er mars par le conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) pour succéder à Richard Descoings, décédé en avril 2012. Reste à Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur, à confirmer ce choix - un décret en ce sens est attendu avant la fin du mois.
Originaire de Montpellier, fils d'un professeur de médecine, Frédéric Mion affiche un CV impressionnant : normalien, diplômé de l'IEP Paris et de l'université de Princeton, il sort major de l'Ena en 1996 (promotion Victor Schoelcher). Son parcours ressemble singulièrement à celui de Richard Descoings, dont on le dit très proche. Comme lui, il commence sa carrière au Conseil d'État avant d'intégrer le cabinet de Jack Lang au ministère de l'Éducation nationale sur recommandation de Jacques Attali. 
Un gauchiste de plus...
L'ex-ministre ne tarit pas d'éloges sur son ancien collaborateur, qu'il décrit comme "rigoureux", "brillant" et "efficace". Et ces qualificatifs reviennent immanquablement sur les lèvres de ceux qui l'ont côtoyé. "Il est d'une intelligence remarquable", relève le conseiller d'État Raphaël Hadas-Lebel, qui a travaillé avec lui. "D'un sang-froid à toute épreuve et d'une grande élégance", ajoute Laurent Solly, camarade de promo de l'Ena passé de l'Élysée à la direction générale de TF1. 

Discrétion

De quoi en faire le candidat idéal ? Pas certain. Il avait quitté la fonction publique en 2003, devenant avocat dans un grand cabinet britannique, puis secrétaire général de Canal+ en 2007, poste où il a notamment eu à défendre le difficile dossier du rachat de Direct 8. Et c'est dans la plus grande discrétion qu'il a déposé sa candidature le 31 janvier dernier. "Celle-ci était d'ailleurs restée secrète jusqu'au 25 février, lorsqu'il a été désigné comme l'un des candidats finalistes", note un proche du dossier. 
C'est pourtant sans suspense que Frédéric Mion a été investi, vendredi, par 24 voix sur 29 par le conseil d'administration de la FNSP qui chapeaute l'établissement. Il était, il est vrai, soutenu parJean-Claude Casanova, l'inoxydable président de la FNSP, dont les étudiants réclament la démission pour avoir conduit une procédure de sélection jugée "peu transparente". Nadia Marik, veuve de Richard Descoings et directrice adjointe de l'IEP, appuyait également sa candidature.

Diplomatie

Ses défenseurs soulignent qu'il est un familier de l'école (il y a été responsable de la section service public de 1996 à 1999) et un fin connaisseur de la haute fonction publique pour avoir été, pendant deux ans, directeur adjoint à la Direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP). Ses détracteurs lui reprochent de ne jamais avoir dirigé d'établissement universitaire. 
Quoi qu'il en soit, Frédéric Mion arrive aujourd'hui en terrain miné. Certes, l'Unef Sciences Po, qui avait bruyamment manifesté son hostilité à ce qu'elle qualifie de "coup de force", n'entend pas contester sa nomination devant les tribunaux administratifs. Mais le nouveau directeur "devra faire une place dans les instances dirigeantes aux représentants des étudiants et les écouter davantage que ne le fait Jean-Claude Casanova", avertit Nicolas Robin, président du syndicat. La reprise du mouvement de grève à la rentrée des vacances d'hiver n'est d'ailleurs pas exclue. 
Pour l'heure, Frédéric Mion semble vouloir faire honneur à sa réputation de diplomate. "Mon premier souci sera de restaurer la confiance de toute la communauté de Sciences Po, des salariés, des chercheurs, des enseignants et, bien sûr, de ses étudiants. Et je m'attacherai dès que j'aurai été officiellement nommé à aller à la rencontre de chacun", déclarait-il vendredi à l'Agence France-Presse. "Je ne crois pas qu'il ait l'ego ni le romanesque de Descoings, qui parfois disparaissait derrière son propre personnage, note un haut commis de l'État. Mais il est vrai que la fonction crée l'homme." Une fois les feux éteints, Frédéric Mion aura à se tailler un costume neuf de directeur.

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