dimanche 3 mars 2013
Mourir de rire
Mourir de rire
L’abus de défoulement, c’est comme la grappa : ça donne la gueule de bois. Et quand les Italiens se défoulent, au final, c’est l’Europe qui a mal au crâne.
Le résultat des élections chez nos voisins s’annonçait calamiteux : il l’a été. Le retour de Berlusconi, la percée du comique Grillo et les abstentions confirment que les Italiens ont voulu punir leur classe politique et l’Europe. Il n’est pas sûr que cette punition ne soit pas suicidaire et qu’au bout du compte, les Italiens ne soient pas les premiers à payer leur coup de colère.
La classe politique italienne, usée par des décennies d’arrangements, d’alternance sans espoir de changement, lasse ou agace les électeurs. Le phénomène Berlusconi ne peut s’expliquer que par la recherche plus ou moins inconsciente d’un homme fort. Rome a connu jadis de tels élus, qui s’attachaient les faveurs du public avec les jeux du cirque. Berlusconi, lui, a la télé pour amuser le peuple. Ses adversaires sont si ternes qu’ils en deviennent transparents, quand ils ne sont pas marqués de manière indélébile du sceau européen.
L’ancien président du Conseil, Mario Monti, en est l’exemple. Il est tellement européen que ses compatriotes l’ont massivement rejeté. Pour faire bonne mesure, ils l’auraient enseveli dans un drapeau européen. Bruxelles devient l’unique objet du ressentiment des Italiens, comme elle l’est des Grecs ou des Espagnols.
L’Europe n’est plus un rêve. C’est un cauchemar qui symbolise la brutalité des marchés financiers et la froideur des eurocrates. De sommet en sommet, les dirigeants de l’Union donnent l’impression qu’ils sont les otages des bourses. François Hollande en est un triste exemple, quand il s’ingénie à répéter que la crise est derrière nous. Les impôts et le chômage qui augmentent lui infligent chaque jour un démenti cinglant.
Voter pour un comique ou un vieux démagogue n’arrangera rien. Les Italiens risquent de retourner rapidement aux urnes. L’Europe tanguera un peu plus et l’Italie souffrira davantage. Il ne faudrait pas qu’à force de plaisanter avec des choses infiniment sérieuses, on en vienne à mourir… de rire.
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