L’avenir du portefeuille des automobilistes fumeurs s’assombrit plus vite que leurs poumons. L’État et une partie des députés, émus par une déplorable et continue atteinte à la santé publique, et l’absence de civisme des conducteurs, ont décidé de cogner plus fort sur les contrevenants. On peut même, en ces temps difficiles, constater que majorité et opposition peuvent être d’accord. Le rapport sur la lutte contre le tabac est dû aux efforts conjoints du PS et de l’UMP. Quand il le faut, on ne mégote pas sur l’union sacrée.
Avec 73 000 décès par an, le tabagisme est un fléau national qui résiste à toutes les croisades. Pis : le nombre des fumeurs aurait même tendance à augmenter. Les élus proposent donc de pratiquer le coup de massue. Et, comme souvent dans notre pays, le marteau-pilon sera fiscal. Le rapport préconise « un relèvement de la fiscalité des produits du tabac ».
Dans sa chasse aux millions, le ministère de l’Économie pourra compter un peu plus sur l’apparition d’une nouvelle génération de radars. Ces engins, cachés dans des voitures banalisées, sont destinés à traquer le grand excès de vitesse. Grâce à ce renfort technologique, la France comptera, à partir du 15 mars, huit types de radars différents qui fonctionneront quasiment partout où roule une voiture. L’automobiliste aura donc tout intérêt à être irréprochable, sous peine d’être un peu plus ponctionné.
L’imposition de la vertu au moyen du martinet fiscal est une coutume bien française. Elle témoigne bel et bien d’une forme d’hypocrisie étatique. Plus les taxes sont élevées, plus l’État gagne de l’argent.
Si, en matière de circulation routière, les résultats sont probants, pour ce qui touche au tabagisme, on est loin du compte. Les fumeurs font preuve d’une imagination débordante pour alimenter leur consommation, souvent au mépris des lois et des frontières.
Faudra-t-il mobiliser plus de gendarmes pour traquer les contrevenants de la cigarette et du volant ? Le message risque de passer pour un écran de fumée, alors que les forces de l’ordre apparaissent déjà bien débordées quand il s’agit de lutter contre la délinquance et le crime « traditionnels ».
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